La chronique des marchés de Vontobel au 11 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,07%, SPX -0,11%, Dow -0,10%, Russell +0,13%, SOX +0,34%, Eurostoxx -0,01%, SMI -0,43%.

Wall Street fourbit ses armes à l’approche de multiples décisions de banques centrales, la plus importante intervenant ce soir avec la Réserve Fédérale des Etats-Unis (Fed), à 20h heure de Genève. Et dans cette attente, le principal sujet de préoccupation des marchés reste le dossier commercial, à l’approche de la date-butoir du 15 décembre, à partir de laquelle les Etats-Unis menacent d’imposer une surtaxe de 10% sur environ 160 milliards de dollars de biens chinois importés supplémentaires. Selon des informations publiées hier sur le site internet du Wall Street Journal, l’administration Trump serait disposée à reporter une nouvelle fois la date de mise en œuvre de ces taxes (déjà repoussée en août dernier), afin de laisser une chance aux négociations commerciales de se conclure positivement. Cette nouvelle met quelque peu de baume au cœur des investisseurs, car elle éloigne le risque d’une nouvelle escalade des barrières douanières préjudiciable à la croissance mondiale. Toutefois, plus tard dans la journée, le conseiller économique de la Maison Blanche Larry Kudlow douche ces espoirs, en déclarant que les taxes du 15 décembre sont toujours «sur la table». Je t’aime moi non plus…Ce n’est pas exagéré que d’affirmer que les marchés aimeraient enfin pouvoir compter sur la conclusion d’un accord, au moins partiel, qui permettrait d’enterrer la hache de guerre entre les deux puissances économiques mondiales. Mais les informations restent désespérément contradictoires sur l’état d’avancement des pourparlers. Selon le quotidien chinois «South China Morning» d’hier, «il est de plus en plus improbable qu’un accord commercial Etats-Unis-Chine soit conclu cette semaine».

Dans ce contexte, quasiment rien ne bouge, le VIX est installé à 15,68, le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 1,82%, l’or à 1463 dollars par once, le pétrole à 58,87 dollars le baril de WTI Light Crude et la paire euro/dollar à 1,1084. Amazon (AMZN -0,59%) décroche les droits de diffusion de la Ligue des Champions 2021-2022 en Allemagne. Par ailleurs, le groupe dirigé par Jeff Bezos, privé en octobre d’un méga-contrat avec le Pentagone, baptisé «JEDI», attaque en justice et accuse nommément le président américain Donald Trump d’avoir fait pression pour l’écarter au profit de son rival Microsoft (MSFT -0,15%). Netflix (NFLX -3,1%), leader de la vidéo en streaming menacé par une concurrence grandissante (Disney, Apple...), souffre d’une dégradation de la firme Needham, qui anticipe des pertes d’abonnés aux Etats-Unis en 2020 pour le service.

Les investisseurs sont par ailleurs en mode «wait and see», la décision de la Fed intervenant ce soir. Rappelons que la BCE (Banque Centrale Européenne) et la BNS (Banque Nationale Suisse) annonceront leurs décisions quant à leur politique monétaire demain. Enfin les élections au Royaume-Uni, également demain, seront très suivies par les marchés financiers qui aimeraient enfin être fixés sur les modalités du Brexit.

En résumé, on aimerait bien être fixé dans les marchés, sur la guerre commerciale, les politiques monétaires et ce satané Brexit (or not Brexit?). Cela étant dit, il serait vraiment surprenant que la Fed déçoive les marchés, la BCE c’est un peu différent car Christine Lagarde est désormais aux commandes, quoi que là aussi, la continuité semble de mise.

L’outil FedWatch du CME Group, qui reflète l’évolution des contrats à terme sur les «fed funds», estimait hier à 97,8% la probabilité d’un statu quo sur le taux directeur, actuellement fixé à 1,5%-1,75%. Après avoir abaissé ce taux trois fois depuis le mois de juillet pour faire face au ralentissement conjoncturel, la Fed a signalé ces dernières semaines son intention de marquer une pause, estimant que l’économie américaine restait sur la voie d’une croissance modérée malgré les risques, liés notamment aux tensions commerciales entre Washington et Pékin.

Dans un autre registre, on constate peu d’intérêt entourant la procédure de destitution contre Donald Trump. Les démocrates ont présenté hier les charges qui pèsent contre le président américain. Deux d’entre elles ont été retenues, à savoir «abus de pouvoir» et «entrave à la bonne marche du Congrès». La Chambre des Représentants doit se prononcer avant Noël, avant un probable procès au Sénat début 2020, en sachant qu’il est peu probable que le Sénat, à majorité républicaine, se prononce en faveur d’un «impeachment» du président américain.

Crédit Suisse revoit en baisse ses ambitions 2020 mais confirme ses projections de moyen terme. Ford Motor veut réduire de moitié ses pertes en Chine en 2020, un marché où les constructeurs ont décidément du mal à rentabiliser leurs investissements, pour l’instant. Le département américain de la justice s’intéresserait au rachat de Fitbit par Alphabet, pour des questions antitrust sur un marché pourtant dominé par Apple, Samsung et d’autres acteurs. La filiale suisse d’HSBC va verser 192 millions de dollars pour éteindre une action judiciaire aux États-Unis, mettant en cause la banque pour avoir organisé l’évasion fiscale de riches Américains. Le conseil d’administration de Renault favoriserait la candidature du patron de Seat (Groupe Volkswagen), Luca de Meo, au poste de CEO.

En apéritif avant la Fed ce soir, les investisseurs prendront connaissance de l’indice US des prix à la consommation au mois de novembre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, à l’exception notable de Tokyo qui rend 0,33% à la cloche, le dollar/yen traite à 108,74. Hong Kong avance de 0,68%, Shanghai de 0,24% alors qu’à Séoul l’indice Kospi progresse de 0,36%. En Europe, les indices ouvrent autour de l’équilibre tandis que le future SPX traite en très légère hausse. Les dés sont jetés, la journée sera fort calme jusqu’à la Fed ce soir à 20h.

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