La chronique des marchés de Vontobel au 10 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,41%, SPX -0,30%, Dow -0,54%, Russell -0,31%, SOX -1,2%, Eurostoxx -1,95%, SMI -1,99%.

 

Wall-Street recule encore mais parvient à récupérer une grande partie de ses pertes à la cloche. L’indice S&P500 (SPX) réalise du coup sa quatrième séance consécutive de baisse alors que le Nasdaq 100 (NDX) a reculé 7 des 8 dernières sessions. Le vénérable Dow Jones s’approche de sa moyenne mobile à 200 jours mais ne la teste finalement pas, pour s’en éloigner en fin de séance et clôturer à 25828 points. La 200 jours est à surveiller, elle se situe à 25419 points. On reviendra sur la guerre commerciale sino-américaine mais hier, ce qui anime le marché, ce sont surtout ses signaux internes (market internals) avec notamment le RSI (Relative Strength Index) du SPX qui atteint 43 soit son niveau du 2 janvier. En clair: le SPX est survendu. D’ailleurs le responsable de l’analyse technique de Bank of America tient des propos fort haussiers sur CNBC hier. Et si l’on regarde la volatilité de plus près, on observe que le VIX (volatilité du SPX) est entré en territoire suracheté depuis mardi, une situation plus observée depuis le 24 décembre. Historiquement, un VIX suracheté ne le reste presque jamais très longtemps. Ces market internals expliquent en partie le rebond du SPX dans la journée. On peut y ajouter une attitude un tantinet plus conciliante de Donald Trump hier en séance.

Mais pour commencer, les tarifs. Depuis 6h01 ce matin, heure de Genève, les produits chinois importés aux Etats-Unis qui subissaient jusqu’ici une taxe de 10% vont être désormais imposés à raison de 25%. Donald Trump a donc mis sa menace à exécution et en même temps les deux parties ne cessent d’affirmer qu’elles font tout pour trouver un accord.

La réaction des marchés est intéressante, Shanghai monte de 2,6% alors que Hong-Kong progresse de 1,1% et Tokyo recule de 0,27%. Sur le front des taux, le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste à 2,45%. L’or ne bouge pas et traite à 1285 dollars par once alors que le pétrole remonte à 62,12 dollars le baril (WTI Light Crude). Le dollar index DXY recule quelque peu, la paire eur/usd à 1,1226. Le yen ne s’apprécie pas non plus contre le billet vert et reste autour des 110. Sur le front des futures d’indices, le SPX traite à l’équilibre alors qu’il perdait 18 points à 7h. Le future Eurostoxx progresse de 1%. En bref, panique à bord il n’y a clairement pas et la décision de Donald Trump d’aller de l’avant ne constitue en aucun cas une surprise.

Le président américain, qui avait accusé mercredi soir Pékin d'avoir «rompu l'accord» commercial, a au contraire affirmé hier qu’un accord pouvait être conclu dès cette semaine. De plus, même si ce soir il n’y avait pas d’accord et que les tarifs douaniers étaient réellement augmentés à 25%, les livraisons par bateaux (80% des produits importés aux US) mettront 40 jours pour arriver en vue des côtes américaines. Ce qui laisserait encore du temps pour négocier le dernière ligne droite.

Quid de la suite? La Chine a bien évidemment déclaré regretter la décision de Donald Trump et va mettre en place des mesures de rétorsion dont on ignore la nature pour l’instant. Quoi qu’il en soit, les négociations vont reprendre sans tarder. Donald Trump s’est d’ailleurs brièvement réjoui hier d’avoir reçu une «belle» lettre de son alter ego Xi Jinping. Les deux dirigeants se seraient aussi parlé au téléphone…bref, «je te tiens tu me tiens…» va se poursuivre et alimenter le moulin de la volatilité. La réaction des marchés est rassurante, ils restent attentifs mais ne paniquent pas. Et l’ouverture de l’Europe reflète probablement aussi sa forte baisse d’hier.

Au registre macro-économique, les statistiques US du jour sont assez contrastées. D'abord, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 4 mai ressortent au nombre de 228k, contre 215k de consensus et 230k une semaine avant. Il s'agit donc d'une relative déception sur le front de l'emploi. L'indice des prix américains à la production pour le mois d'avril ressort pour sa part en augmentation de 0,2% en comparaison du mois passé, contre +0,3% de consensus. La balance commerciale américaine ressort déficitaire de 50 milliards de dollars au mois de mars, alors que le consensus se situait à -50,2 milliards de dollars. Le déficit du mois précédent se situait à 49,3 milliards de dollars.

Chevron (CVX +3,1%) ne surenchérit pas sur Occidental Petroleum (OXY -6,4%) pour le rachat d'Anadarko (APC -3,2%). Ainsi, le groupe ne relèvera pas son offre de 33 milliards de dollars sur Anadarko, qui avait annoncé en début de semaine avoir finalement préféré la proposition plus élevée du rival Occidental Petroleum. Comme indiqué dans le cadre de l'accord antérieur entre Chevron et Anadarko, le premier aura droit à une indemnité de rupture de 1 milliard de dollars. Occidental a augmenté la composante cash de son offre sur Anadarko. L'offre totale se chiffre à 38 milliards de dollars.

Après la cloche hier Zillow décolle de 17% (résultats) et Symantec plonge de 9% (départ du CEO).

En Suisse LafargeHolcim annonce se désengager des Phillipines. C’était prévu. Le cimentier a signé un accord avec San Miguel Corporation pour la cession de sa participation de 85,7% dans Holcim Philippines. L’action en hausse de 2,2% dans le pré-marché. Pour le reste pas grand-chose à signaler si ce n’est que le SMI va également ouvrir dans le vert ce matin.

Et aujourd’hui c’est le grand jour pour UBER, ou pas….la firme californienne a levé 8,1 milliards de dollars lors de son IPO après avoir fixé le prix d’émission à 45 dollars par titre, en bas de la fourchette de 44-50 dollars. Sa capitalisation boursière s’élève donc à 75.5 milliards de dollars. Premières cotations sur le NYSE cet après-midi. Au-delà des premiers pas de UBER dans le marché, nous écouterons avec attention ce que Messieurs Bostic et Williams, de la Fed, ont à dire. Ils donnent tous deux un discours ce jour.

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