Gonet: l'actualité des marchés au 27 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +5,6%, SPX +6,2%, Dow +6,4%, Russell +6,3%, SOX +6,8%, Eurostoxx +1,70%, SMI +2,39%.

Wall Street poursuit sa folle remontée et propulse les principaux indices en bull-market (marché haussier) en moins de trois jours. L'indice S&P500 (SPX) a désormais récupéré plus de 20% depuis son plus bas en séance il y a trois jours. Il réintègre de plus son canal haussier entamé en 2009 mais doit encore récupérer sa moyenne mobile à 200 semaines (2644 points contre 2630 en clôture). Le bon vieux Dow Jones fait encore mieux et récupère près de 25% depuis son bas de la séance de lundi. Hello 22'000 points! Papy Dow est de retour...

Mais qu'est-ce qui a donc poussé les intervenants à revenir si violemment dans le marché cette semaine? Probablement pas les statistiques de l'évolution des nouveaux cas de Coronavirus, les Etats-Unis étant passés numéro un mondial hier. Non, dans un premier temps la statistique des demandes hebdomadaires d'allocations chômage au 21 mars choque tout un chacun hier en sortant à 3'283'000 demandes contre des attentes de 1'700'000. Déjà que d'ordinaire cela ressemble plutôt à 250'000...mais le «whisper number», le chiffre «secret» que les traders attendent se situait à près de 6 millions de demandes, on est donc déçu en bien dans les salles de marchés. Ceci entrainant cela, cette vilaine statistique convainc de nombreux intervenants que ce satané plan de soutien à l'économie des Etats-Unis sera bel et bien entériné par la Chambre des représentants aujourd'hui, l'espoir fait monter les marchés. Jerome Powell n'est pas en reste, qui indique hier que la Fed ne manque pas de munitions en cas de besoin. Dans le marché des futures, on assiste à des achats sur base stop dans le e-mini S&P dès le passage des 2'600 points, niveau à observer car le marché flirte avec ce matin. Rappelons par ailleurs que la fin de mois/trimestre approche à grand pas et que les fonds de pensions doivent acheter entre 250 et 300 milliards de dollars d'actions. On assiste aussi à des couvertures massives de positions shorts (vendues à découvert) dans le marché, autant les appels de marge ont été nombreux dans la baisse que tenir des positions shorts dans un marché qui rebondit de 20% en trois jours n'est pas soutenable. Et tout cela ouvre une voie royale au grand retour du FOMO (Fear Of Missing Out), la peur panique de tout bon gérant de fonds qui se respecte de rater la hausse du marché des actions. Car un autre acronyme n'est jamais loin des esprits depuis de nombreuses années, le TINA, pour There Is No Alternative...but stocks. Les investisseurs recherchent désespérément du rendement depuis que les taux sont à zéro voire négatifs et cela les ramène aux actions dès qu'ils trouvent une bonne excuse à cela.

La pandémie de Coronavirus est loin d'être terminée mais le marché semble avoir intégré l'idée que l'économie mondiale va subir un arrêt brutal durant un certain temps. Le dollar souffre beaucoup de la statistique de l'emploi d'hier et aussi de désengagements massifs des investisseurs, qui s'étaient réfugiés dans le billet vert ces derniers temps, le greenback étant l'actif le plus liquide au monde. Ces désengagements reflètent une amélioration générale du sentiment et la faiblesse du dollar a probablement aussi joué un rôle de support pour les actions américaines.

Les 11 secteurs du SPX terminent la journée en hausse. Boeing (BA US) fait un bond de 14%, le plan de relance réservant 17 milliards de dollars aux entreprises jugées essentielles pour la sécurité nationale. Les volumes d'échanges ralentissent, de 15% aux Etats-Unis et 30% en Europe, la volatilité recule, l'indice VIX (volatilité du SPX) en baisse de 4,6% à 61, le marché des CDS (Credit Default Swaps, des assurances contre les défauts de toutes sortes) se détend, mais reste à des niveaux élevés. En revanche le TED Spread reste inquiétant, qui indique l'état d'esprit des intervenants quant aux risques de faillite de sociétés.

Le SPX a considérablement amélioré son image technique hier. Ceci dit il se trouve ce matin à la croisée des chemins. Selon l'analyse de Leonardo Fibonacci, plusieurs indices ont retracé 38.2% de leur baisse opérée entre le 19 février et la mi-mars. Parmi ces indices on retrouve notamment le SPX, le Nasdaq100, l'indice NYFANG, le Nikkei japonais, le Hang Seng Hongkongais et le Kospi sud-coréen. Pourquoi la croisée des chemins? parce que historiquement, lorsque cette configuration s'est produite, le marché a ensuite testé de nouveaux plus bas. Personne ne sait si cela va se produire, en revanche il est important de garder la tête froide et de de remettre cette hausse violente en question, cette équation reste pétrie d'inconnues. Par exemple quid de l'approvisionnement en nourriture? par exemple en Europe où les paysans se plaignent de plus en plus de manquer de main d'oeuvre pour leurs récoltes. Ce n'est pas un détail.

La banque centrale indienne coupe ses taux, Angela Merkel est opposée aux obligations européennes, une idée qui fait son chemin dans les esprits, la Chine contrôle ses frontières pour éviter au maximum une deuxième vague de contaminations.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le vert pour la plupart avec Tokyo qui progresse de 3,88% à la cloche, Hong Kong qui gagne 0,59% et Shanghai qui grappille 0,3%. Séoul avance de 1,87%. Le future SPX recule de 1,2% et l'Europe est indiquée en repli de 1,4%.

Le gendarme boursier espagnol a donné son feu vert au rachat de l'opérateur de la bourse de Madrid par la bourse suisse SIX, Fiat Chrysler prolonge ses fermetures d'usines aux États-Unis jusqu'au 14 avril. Sika organise son assemblée générale annuelle sans la présence physique de ses actionnaires. Flughafen Zurich est relevée à Buy par Berenberg alors que Vontobel réduit son objectif de cours sur Sonova et Valora à 175 respectivement 200 francs suisses.

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