Gonet: l'actualité des marchés au 25 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -2,2%, Dow -2,7%, SPX -2,6%, Russell -3,4%, SOX -2,2%, Eurostoxx -3,11%, SMI -2,19%.

Wall Street subit un gros trou d’air. Les mauvaises nouvelles s’accumulent aux Etats-Unis au sujet du Covid-19 et le vase déborde quelque peu. Sept États américains connaissent des bonds records en matière d’infections virales, le taux d’augmentation national passe à 1,6%, contre 1,3% en moyenne la semaine passée. Cette nouvelle fait naître des doutes quant aux efforts déployés pour mettre un terme aux mesures de confinement. Au Texas, où le nombre de cas a grimpé de 4,6%, le gouverneur Greg Abbott dénonce une «épidémie massive» qui se répand dans tout l’État. Le nombre de morts atteindra 180'000 d’ici octobre, selon l’Université de Washington. Les titres de valeur souffrent dans ce contexte. Au chapitre des secteurs, le podium des perdants du jour se compose des utilitaires, des valeurs de la consommation et de la technologie. Cela devait arriver, le Nasdaq100 (NDX) réalise sa première séance de baisse après 8 sessions consécutives de hausse. Mais par le plus incroyable des hasards, le NDX parvient à se maintenir 2 petits points au-dessus des 10’000 à la cloche, ça c’est de la chance… tous les titres du Dow reculent et le vénérable indice repasse en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours. Les volumes d’échanges repartent à la hausse avec 13,4 milliards de titres échangés sur le NYSE (New York Stock Exchange) et on observe 500 millions de dollars d’intérêts vendeurs au fixing du NYSE, ce qui empêche un rebond de dernière minute. On s’y attendait mais cela n’arrange pas les affaires du jour, le Fonds Monétaire International (FMI) réduit ses perspectives de croissance globale pour 2020 à -4,9% contre -3% précédemment.

Le pétrole recule de 6% et traite à 37,76 dollars le baril de WTI Light Crude ce matin, impacté par un certain retour de la peur (virus) et les inventaires hebdomadaires publiés par le Département de l’Energie, qui gonflent. La volatilité remonte de 8%, l’indice VIX (volatilité du SPX) à 33,84. On revient se cacher (momentanément?) dans les bons du Trésor US dont le rendement du 10 ans baisse de 0,70% à 0,67%. Le dollar retrouve des couleurs, la paire eur/usd revient à 1,1249, cela dit elle regarde toujours en direction des 1,14. L’or revient un tantinet, probablement impacté par le regain de forme du billet vert, l’once traite à 1765 dollars en ce moment. La tendance du métal jaune reste haussière avec 1800 dollars en point de mire, une sorte de niveau «camp de base».

Les États-Unis préparent le terrain pour de nouvelles sanctions contre la Chine. China Mobile et d’autres sociétés de télécommunications chinoises sont mentionnées par l’agence Reuters.

C’est donc une saine journée de prises de profits que le marché s’offre hier, une sorte de cure thermale après un bon gros gueuleton. Et il faut dire que les intervenants s’apprêtent à digérer pas mal de choses dès aujourd’hui avec le résultat des stress tests des grandes banques aux Etats-Unis, la publication des demandes hebdomadaires d’allocations chômage ainsi que le PIB et les commandes de biens durables, toujours aux Etats-Unis. En Europe, la Banque Centrale Européenne (BCE) publie les minutes de sa réunion des 3 et 4 juin.

Charles Evans avertit que des épidémies récurrentes vont probablement nuire à la croissance américaine et maintenir les niveaux de chômage élevés pendant un certain temps encore. Les pics intermittents d’infections «pourraient être aggravés par des réouvertures plus rapides que prévu», déclare le président de la Fed de Chicago. James Bullard, le patron de la Fed de Saint-Louis parle de la pandémie comme d’une «crise majeure», bien qu’il s’attende toujours à une forte reprise au second semestre. «Nous sommes dans une période de grande incertitude et de risque énorme», indique-t-il.

David Solomon pense que les actions se sont laissées un peu aller. Le CEO de Goldman Sachs déclare que le rallye des actions, qui a effacé presque toutes les pertes de cette année, ne peut pas être justifié par le potentiel de profit des entreprises. «Si j’ai raison sur ce point, vous verrez un rééquilibrage de cela au fil du temps.» Bob Prince, de Bridgewater, déclare que l’impact de la pandémie pourrait durer de 18 à 24 mois, ce qui compliquerait les efforts de politique monétaire et fiscale pour soutenir l’économie.

Emmanuel Macron présente un nouveau programme qui pourrait permettre à l’État de couvrir une grande partie des pertes de revenus en France pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans. La mesure, qui débutera le 1er juillet, visera à trouver un compromis entre un soutien global et une aide plus ciblée en amenant les syndicats et les entreprises à conclure des accords au cas par cas. Par ailleurs, l’expert de l’OMS Michael Ryan déclare que le Covid-19 est sous contrôle en Europe occidentale.

Bayer accepte de payer jusqu’à 10,9 milliards de dollars pour régler 75% des quelque 125'000 plaintes américaines selon lesquelles son herbicide Roundup causait le cancer, et a conclu des accords pour résoudre les procès concernant un autre herbicide, le dicamba, ainsi que les déversements de produits chimiques toxiques qui polluaient les rivières. Ces accords constituent la plus grande étape à ce jour dans la résolution des litiges dont la société a hérité avec l’acquisition de Monsanto en 2018. Apple (AAPL -1,77%) annonce la fermeture de 7 Apple Stores dans la région de Houston, au Texas, en raison de la dégradation de la situation sanitaire. La semaine dernière, la firme à la pomme avait déjà refermé temporairement des magasins en Floride, en Arizona, ainsi qu’en Caroline du Nord et du Sud, où le nombre de cas de Covid-19 progresse rapidement. Amazon (AMZN -1%) L’autorité britannique de la concurrence et des marchés donne son feu vert provisoire à l’investissement d’Amazon dans Deliveroo, notant que l’accord n’est «pas susceptible» d’entraver la concurrence dans le secteur. Tesla (TSLA -4%) La NHTSA, l’agence fédérale américaine de sécurité routière, lance une enquête sur les Model S du constructeur produite de 2012 à 2015, à la suite de signalements de défauts de l’écran tactile. Visa (V -3,3%) et Mastercard (MA -4,1%), la banque centrale brésilienne ordonne aux deux groupes de cartes de crédit de suspendre toutes les transactions de la nouvelle offre de Whatsapp (Facebook FB -3,3%), permettant aux utilisateurs de la messagerie d’effectuer des paiements et transferts d’argent. Alphabet (GOOG -2,1%) Google va investir jusqu’à 2 milliards de dollars dans un centre de données en Pologne pour gérer des services d’informatique dématérialisée, rapporte le quotidien Puls Biznesu.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le rouge, en sympathie avec Wall Street. Tokyo perd 1,04% à la cloche. Séoul recule de 1,76%. Le future SPX abandonne 7 points et l’Europe est indiquée en très légère hausse. Bayer est indiquée en hausse de 10%, les provisions semblent donc avoir été faites en suffisance. Attachez vos ceintures! Lufthansa décolle de 23% sur Tradegate après que son principal actionnaire, Heinz Hermann Thiele, a indiqué qu’il supportera le plan de renflouement de 9 milliards d’euros.

La question qui brûle les lèvres ce matin est «stop ou encore?». Le marché a-t-il créé un superbe «bear trap» hier, un piège à ours? Ou alors ceci n’était qu’un début? Au vu du comportement des futures US et Européen ce matin, on observe que les acheteurs sur faiblesse ne semblent pas très loin, la séance d’aujourd’hui n’en sera que plus intéressante, qui sera pavée de flux de nouvelles intéressantes, comme indiqué plus haut.

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