Gonet: l'actualité des marchés au 19 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -4,7%, SPX -5,2%, Dow -6,3%, Russell -10,4%, SOX -9,8%, Eurostoxx -5,72%, SMI -1,82%.

Wall Street plonge à nouveau. L’indice S&P500 (SPX) est stoppé à la baisse, casse son plus bas de 2018 (2346 points), passe brièvement en-dessous des 2300 pour finalement récupérer du terrain à la cloche et revenir à 2398 points. Il semble qu’un programme de liquidation d’obligations de 120 milliards de dollars ait été lancé dans les deux dernières heures de trading, au profit des actions. D’ailleurs, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte violemment à 1,18%. Les volumes d’échanges restent importants avec 18,47 milliards de titres échangés sur le NYSE (New York Stock Exchange). Le vénérable Dow Jones ne parvient pas à clôturer au-dessus des 20’000 points (19’898 à la cloche) mais traite en-dessous des 19’000 à un moment donné de la séance. Notez qu’il a fallu 5 ans au Dow pour gagner 10’000 points et 30 jours au Coronavirus pour les lui faire perdre...Quelques minutes avant la cloche, Larry Kudlow, le conseiller économique de la Maison-Blanche, annonce que le gouvernement des Etats-Unis pourrait prendre des participations en actions des firmes qui requièrent l’aide du contribuable américain pour combattre le virus. Cela pourrait avoir aidé la mouvement de fin de séance mais ressemble fort à du bricolage désespéré. Etonnamment, la volatilité ne bouge quasiment pas en clôture, l’indice VIX (volatilité du SPX), est propulsé à presque 86 pour clôturer à 76. On observe de plus en plus de situations de «sell exhaustion», notamment sur l’Eurostoxx et les marchés émergents (EEM US) mais le marché est en mode «liquidation», il faut donc prendre ces signaux avec du recul. Au chapitre des secteurs, restons positifs et mettons les livreurs de nourriture en avant, qui bondissent chaque jour un peu plus. Et dans cette atmosphère à la «Mad Max», Wal Mart s’offre un plus haut historique. Crédit Suisse indique que le géant de la distribution est prêt à faire face au tsunami de demandes en ligne et la conviction monte dans le marché que Wal Mart est mieux positionnée que bien d’autres pour affronter la situation actuelle. Les matières premières font peine à voir, tout baisse, l’or de 3,1%, le pétrole de 24%, le gaz naturel de 7,2%, le gasoline de 11% et le cuivre de 7%. Le dollar se met en orbite, le dollar index (DXY) progresse de 1,4% à 101, la paire eur/usd revient du coup à 1,0935. L’euro/suisse semble entré en catatonie et se maintient à 1,0576.

De son côté, la Banque Centrale Européenne (BCE) annonce porter de 120 à 870 milliards d’euros l’enveloppe dédiée aux rachats d’actifs. Les futures obligataires italiens décollent à l’ouverture ce matin du coup.

Lors de sa conférence de presse, Donald Trump déclare: «je me considère, d’une certaine manière, comme un président en temps de guerre. C’est une guerre que nous menons, c’est une situation très très difficile». Le président américain s’engage à prendre des mesures économiques majeures, dont la suspension des expulsions et des saisies immobilières. Il annonce par ailleurs la fermeture de la frontière entre les Etats-Unis et le Canada pour tout «voyage non essentiel».

La Banque d’Australie réduit son principal taux directeur à un plancher historique en le passant de 0,50 à 0,25%, tandis que la Banque du Brésil ramène le sien de 4,25 à 3,75%. A 9h30, le marché attend la décision de politique monétaire de la Banque nationale suisse. Aux États-Unis, l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie et les inscriptions hebdomadaires au chômage seront annoncés à 13h30, avant l’indice des indicateurs avancés du Conference Board à 15h00.

Le New York Stock Exchange va provisoirement fermer ses salles de marchés pour passer aux échanges 100% électroniques à partir du 23 mars. General Motors, Ford et Fiat Chrysler ont annoncé la suspension de leur production de voitures en Amérique du Nord. Le CEO de Starbucks, Kevin Johnson, veut rassurer les investisseurs en leur expliquant avoir une certaine expérience du coronavirus pour les États-Unis après la situation gérée en Chine. Le groupe de télécom Softbank s’effondre de 17% à la bourse de Tokyo, sur des craintes quant à la solidité financière de la société. La dette d’Occidental Petroleum passe en junk chez Moody’s. Qantas stoppe la totalité de ses vols internationaux. ENI abandonne ses rachats d’actions 2020 et 2021. Osram renonce à ses objectifs 2020, comme la plupart des autres entreprises cotées.

On le constate chaque jour un peu plus, l’argent ne sauvera pas le monde de la finance dans le contexte qui nous occupe. C’est l’avancée de la pandémie qui fera la différence. Le marché a impérativement besoin de signaux positifs dans la lutte contre ce virus. A ce propos, bonne nouvelle de Chine où pour la première fois de l’année aucun cas d’infection n’a été enregistré dans la province d’Hubei hier, comme quoi le confinement fonctionne. Nous allons donc continuer à guetter les courbes de contamination avec une attention particulière à l’Italie, où l’espoir grandit de voir poindre des signaux positifs dans les jours qui viennent, alors que le pays a connu hier un record de décès. Les Etats-Unis seront évidemment l’autre centre d’attention.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices suivent chacun leur route propre, le Nikkei japonais recule de 1% alors que son indice élargi Topix progresse de 1%. Hong Kong abandonne 2,2%, Shanghai 1% mais Shenzen avance de 0,2%. Séoul s’effondre de 8.4%. Le future Eurostoxx indique une ouverture en hausse de 1% alors qu’il se cassait bien la figure à 5h du matin. Le future SPX recule de -0,6%, là aussi il était à -4% un peu plus tôt dans la nuit.

Et dans cette atmosphère de fin du monde, on ne peut s’empêcher de mentionner notre marché suisse avec l’indice SMI qui tient mieux le coup que ses principaux alter ego depuis le 19 février. Le SMI superforme le SPX de 3,5% et l’Eurostoxx de 12.7%. Hier il est parvenu à faire clôturer 7 de se composants dans le vert (Swatch, Givaudan, Geberit, SGS, Nestlé, Richemont, SGS).

Regardez les banques italiennes qui pourraient profiter de l’annonce de la BCE.

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