Gonet: l'actualité des marchés au 18 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +6,2%, SPX +6%, Dow +5,2%, Russell +6,7%, SOX +9,8%, Eurostoxx +3,27%, SMI +3,23%.

Wall Street repart fortement à la hausse, dans des volumes d'échanges encore et toujours soutenus (16.8 milliards de titres échangés sur le NYSE – New York Stock Exchange – hier). Le Dow Jones est à la traine impacté par Boeing (BA US -4,31%). L'indice S&P500 (SPX) clôture à 2529 points après avoir touché 2367 en début de séance et s'être donc rapproché de son plus bas en séance de 2018, qui se situe à 2346 points, on n'est pas passés loin... Le Nasdaq 100 (NDX) joue également à se faire peur pour finalement atteindre 7473 points à la cloche, sachant que son plus bas du jour de 6959 points se situe très près du plus bas en séance établi en juin 2019, à 6936 points. On l'aura compris, ce n'est pas la sérénité qui domine les marchés en ce moment, la volatilité rend du terrain certes, le VIX (volatilité du SPX) recule de 8% mais traite toujours à un niveau stratosphérique de 75,91. On assiste en parallèle à des mouvements violents dans le marché obligataire avec le rendement de l'emprunt US à 10 ans qui remonte à 1,10% pour revenir à 1,02% ce matin. Hier il traitait à 73 points de base en début de journée...Au chapitre des monnaies, ça se réveille et pas en douceur, le dollar index (DXY) récupère 1,4% et revient à 99,43, ce qui a pour effet de faire reculer la paire eur/usd à 1,10, elle qui traitait proche des 1,12 hier, c'est violent. La paire euro/suisse reste neutre et se maintient à 1,0560 ce matin. L'or récupère un peu de terrain et revient à 1517 dollars l'once, malgré le regain de forme du billet vert. Le brut ne parvient pas à se redresser, le baril de WTI cède 6,1% à 26,95 dollars (après -9,6% lundi) pour le contrat à terme d'avril coté sur le Nymex, tombant au plus bas depuis février 2016. Ce matin le baril de WTI Light Crude traite à 26,37 dollars. Il semble que les Saoudiens manifestent la volonté d'augmenter encore plus leur offre.

Au registre des secteurs, je retiens celui des titres de livraison de nourriture à domicile, qui, ô surprise, se mettent en orbite à l'image de Blue Apron (APRN US +71,44%), firme New Yorkaise spécialisée dans la livraison à domicile de kits à cuisiner. Accessoirement ils livrent du vin avec...Retenons tout de même également les TMT (Telecom, Media, Telecom) et notamment Citrix (CTXS US +15,1%), firme grâce à laquelle ce commentaire peut être écrit en mode télé-travail.

Pourquoi donc ce rallye? Un simple rebond technique? Non, hier il y a eu plus que cela.

L'administration Trump annonce un certain nombre de mesures de soutien de l'économie et des ménages, le président américain s'engageant à aider les salariés qui seront frappés par le chômage technique et des licenciements en raison du Covid-19. Parmi les options considérées, figure le versement direct de 1000 dollars à presque tous les américains d’âge adulte. Selon la presse américaine, Washington prévoit de présenter au Congrès un plan de soutien massif de 850 milliards de dollars, notamment destiné aux secteurs les plus touchés par l'épidémie, comme les compagnies aériennes, qui pourraient bénéficier d'environ 50 milliards de dollars. De son côté, la Fed annonce de nouvelles mesures. Elle va renouer avec les procédures exceptionnelles utilisées lors de la crise financière de 2008 en octroyant des facilités de crédits aux entreprises. Ce point est particulièrement important, il rassure bon nombre de PMEs quant à leur accès à des liquidités à court terme. On peut d'ailleurs attribuer le rebond du dollar d'hier aux annonces du jour.

Les indicateurs américains commencent à refléter la ralentissement de l'économie lié aux perturbations créées par la propagation du coronavirus Covid-19. Les ventes au détail, publiées hier, subissent un recul surprise de 0,5% en février, après une hausse de 0,6% en janvier. Le consensus tablait sur une hausse de 0,2%. Les ventes au détail 'core' (hors alimentation et énergie) reculent de 0,4% contre +0,6% en janvier et +0,2% attendu.

En revanche, la production industrielle a rebondi de 0,6% en février sur un mois (mieux que le consensus, qui était logé à +0,4%), après -0,5% en janvier. Les économistes s'attendent cependant à une forte chute en mars compte tenu des mesures mises en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Ainsi, l'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York (publié lundi) crée un choc en s'effondrant à -21,5 en mars, au plus bas depuis la crise financière de 2009.

De nombreux économistes estiment que les Etats-Unis vont connaître une forte contraction du PIB au 2e trimestre, voire une récession si la contraction s'étend sur 2 trimestres. Dans une note publiée le week-end dernier, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs estime que le PIB de la première économie mondiale pourrait se contracter de 5% au deuxième trimestre, après une croissance nulle au premier trimestre.

Lundi, Donald Trump avait lui aussi jugé «peut être possible une récession aux Etats-Unis», tout en prévoyant un «énorme rebond» de l'économie après l'épidémie, qui pourrait s'achever selon lui en juillet ou août prochain.

Boeing (BA US -4.2%) vit une séance folle, avec une chute de 19% en début de séance, suivie d'une remontée jusqu'à -4,2% en clôture. Lundi, le titre de l'avionneur US s'était effondré de 23%, au plus bas depuis 2014. Dans ce contexte, Boeing a demandé aux responsables de la Maison Blanche et du Congrès une aide d'urgence à court terme pour lui-même, ses fournisseurs et les compagnies aériennes afin d'éviter une vague de licenciements massifs.

A 11h00, Eurostat publiera la version définitive de l'inflation du mois de février et les données sur le commerce extérieur de l'Union européenne. Aux États-Unis, les permis de construire et les démarrages de chantier (13h30) précéderont les stocks pétroliers hebdomadaires (15h30).

United Airlines réduit ses liaisons internationales de 85% en avril. HSBC nomme, avec effet immédiat, Noel Quinn comme directeur général, lui qui assurait l'intérim depuis l'éviction de John Flint. SIX plafonne à 18% les pondérations de Roche et Nestlé au sein du SMI, car les deux titres pesaient plus de 20% de l'indice chacun hier soir. Facebook va verser une prime exceptionnelle de 1000 dollars à chacun de ses salariés dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le coronavirus.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge entre 2 et 5%, à l'exception notable de l'indice élargi japonais Topix qui progresse de 0.2%, porté par le secteur de la consommation. Le future SPX est stoppé à la baisse, le future Eurostoxx recule de 4.6% et le SMI est indiqué en baisse de 3.8% à l'ouverture. Ce marché est probablement de plus en plus mené par les futures. A ce propos, de nombreuses bourses US ont renvoyé leur personnel à la maison et s'en tiennent à du trading purement électronique, ce qui augmente encore plus l'illiquidité de ce marché et exacerbe probablement sa volatilité.

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