Gonet: l'actualité des marchés au 17 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -12,3%, SPX -11,98%, Dow -12,9%, Russell -14,3%, SOX -15,9%, Eurostoxx -5,25%, SMI -1,68%.

Wall Street réalise la plus forte baisse journalière de son histoire en termes de points. Le marché ne croit simplement pas que les nombreuses actions entreprises par les banques centrales puissent produire quelque effet sur des indices malades de peur et à bout de nerfs. Ce d'autant plus que la décision surprise de la Fed de couper agressivement son taux directeur dimanche soir alimente la théorie du complot: «Ils savent quelque chose que nous ne savons pas...». L'irrationnel est maître du jeu, l'indice VIX (volatilité de l'indice S&P500 SPX) réalise sa clôture la plus élevée de l'histoire à 82,88. Le SPX termine sa journée au plus bas de la session dans de très forts volumes d'échanges (16,1 milliards d'actions échangées sur le NYSE). Il est en recul de 26% depuis le début de l'année. Seulement 9 de ses composants parviennent à terminer la session dans le vert, 328 abandonnent plus de 10% et 334 atteignent un plus bas niveau en 52 semaines. Le SPX a rendu tous les gains de 2019. Pour ceux qui regardent les niveaux techniques, le prochain support se situe à 2346,58, c'est le plus bas en session réalisé le 26 décembre 2018. Clôture hier soir à 2386,13.

Au chapitre des secteurs, les titres liés à la consommation sont détruits, les actions de marchés émergents démolies, les bancaires et les valeurs de l'énergie massacrées. Personne ou presque n'est épargné par ce bain de sang si ce n'est, d'un point de vue très relatif, les vendeurs de médicaments, les pharmaceutiques et les sites du... tabac, ça ne s'invente pas.

Le pétrole poursuit son évaporation, le baril de WTI Light Crude traite à 29,90 dollars par baril ce matin. L'or est quelque peu recherché à nouveau et revient à 1484 dollars l'once mais regardez l'argent qui perd 13,4%, tout le monde est punit, il devient de plus en plus compliqué de trouver un havre de paix où reprendre son souffle. Le rendement de l'emprunt US à 10 ans traite à 78 points de base, il est relativement stable, tout comme le dollar, la paire eur/usd à 1,1150. Notez l'euro/suisse qui repart timidement à la hausse, à 1,0590 ce matin.

Des voix commencent à s'élever qui demandent la fermeture des bourses. Les Philippines décident de fermer leur marché jusqu'à nouvel avis.

Pour en revenir au marché, l'indice SPX ne présente pas encore de configuration de «sell exhaustion» selon l'analyse technique de Tom Demark mais s'en rapproche. D'un point de vue sentiment, tout est réuni pour que, à moyen terme, les ours retournent dans leurs tanières mais le marché ne regarde que la récession potentielle qui se profile. Pourtant les banques centrales bombardent l'économie de liquidités et colmatent les brèches en rachetant des actifs délaissés ou en passe de l'être. Les gouvernements rivalisent de plans de soutien aux entreprises et aux ménages, avec des sommes très importantes et le confinement sanitaire se généralise enfin.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui clôture à l'équilibre, Hong Kong qui grappille 0,4%, Shanghai qui abandonne 0,4% et Séoul qui recule de 2,4%. Le future SPX récupère environ 4% alors que l'Europe est indiquée en progression de 3%. Tout cela peut changer très vite bien sûr. La Suisse devrait ouvrir en hausse également, elle qui a merveilleusement résisté à la pression hier, portée notamment par le bon Roche, qui a bénéficié d'une note de Citigroup indiquant qu'un médicament de Roche contre le Coronavirus avait fonctionné en Chine, bien que testé à petite échelle.

Les indicateurs macroéconomiques risquent fort d'être déprimés aujourd'hui, que ce soient les prévisions macroéconomiques de la SECO pour la Suisse ou l'indice ZEW du sentiment des milieux financiers allemands (11h00). Aux Etats-Unis, les ventes de détail (13h30), la production industrielle (14h15), les stocks des entreprises, l'indice NAHB des prix immobiliers et l'étude JOLTS sur l'emploi (16h00) complèteront le tableau.

Boeing serait en discussions pour obtenir le soutien des autorités américaines, pour lui permettre de franchir la crise du coronavirus qui est venue s'ajouter à celle du B737MAX. Exxon va probablement réduire drastiquement ses investissements en réponse à la crise actuelle et adapter ses structures. American Airlines et Delta vont solliciter le soutien des autorités et/ou de leurs banques pour traverser la crise (Donald Trump a assuré les transporteurs d'un soutien à 100%). Amazon recrute 100 000 personnes pour faire face à l'accroissement de la demande. Apple a fait appel de l'amende de 1,1 milliard d'euros infligée par l'autorité de la concurrence française pour abus de dépendance économique, la plus grosse amende de l'histoire de l'institution. Roche a commencé vendredi la livraison de tests pour le COVID-19 aux Etats-Unis, avec un premier lot de 400'000 tests Cobas SARS-CoV-2.

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