Wall Street écoute Jerome Powell et n’apprécie guère ses propos. Le patron de la Fed dit son inquiétude croissante quant à la voie à suivre, décrivant les perspectives économiques comme «très incertaines et sujettes à des risques importants de baisse». «On a de plus en plus le sentiment que la reprise pourrait être plus lente que nous le souhaiterions... et cela pourrait signifier qu’il nous faut faire plus», ajoute-t-il, exhortant la Maison Blanche et le Congrès à dépenser plus d’argent pour assurer le redémarrage de l’économie. C’est un retour à la réalité plutôt brutal pour bon nombre d’investisseurs, qui pariaient sur un redémarrage rapide de l’activité économique, la fameuse configuration en V, dont de plus en plus d’observateurs sont en train de faire leur deuil. De son côté, le fondateur d’Appaloosa, David Tepper, déclare à CNBC que le marché actuel des actions est le plus surévalué qu’il ait pu observer, après la bulle dot.com en 1999. Monsieur Tepper parle de «valorisations folles» tout en disant grand bien d’Amazon. Rappelons que David Tepper ne représente pas un cas isolé. Le 2 mai Warren Buffet avait indiqué ne pas identifier d’opportunité attractive dans le marché, le 6 mai Larry Fink, patron de BlackRock, avertit que les faillites personnelles vont s’accélérer. Et mardi Stan Druckenmiller, ancien conseiller de George Soros, déclare que l’idée d’un redémarrage en V de l’économie des Etats-Unis relève du fantasme, que les programmes de stimulation de la croissance ne fonctionneront pas et qu’il n’a jamais vu de sa vie un marché des actions aussi risqué.

En Chine, l’organe officieux de communication du Parti communiste, le Global Times, indique que la Chine va bientôt lancer des contremesures à l’encontre des individus et des firmes l’ayant attaquée en justice pour obtenir des compensations suite à l’apparition du Covid-19.

Au chapitre des statistiques économiques, l’indice des prix à la production aux Etats-Unis baisse de 1,3% en avril par rapport à mars, le consensus attendait -0,5%. L’indice des anticipation d’inflation de la Fed d’Atlanta (du point de vue des entreprises) sort à +1,5%, légèrement supérieur aux attentes.

L’indice S&P500 (SPX) parvient à se maintenir au-dessus des 2800 points à la cloche, le Nasdaq100 (NDX) tient les 9000 points. Les volumes d’échanges accélèrent dans la baisse, particulièrement dans certaines grosses capitalisations comme Wells Fargo (WFC -6,3%) qui atteint son plus bas niveau en huit ans. Très gros volumes sur General Electric (GE -3,4%) également. La volatilité remonte en flèche, l’indice VIX (volatilité du SPX) gagne 6,8% à 35,28.

Les 11 indices sectoriels du SPX baissent hier, à commencer par l’énergie (-4,4%). Les actions dites de valeur sont fortement pénalisées, l’indice Russell2000 (RTY) des petites capitalisations reste sous forte pression, les valeurs bancaires souffrent beaucoup, malgré l’insistance de Jerome Powell que la Fed ne veut pas envoyer ses taux d’intérêts en territoire négatif. Ceci dit le marché des Fed Funds dit le contraire, qui a bien souvent raison. Rappelons que les banques sont encore plus sous pression après que le Vice Chairman de la Fed, Randy Quarles, a affirmé que la Réserve Fédérale pourrait réduire la capacité des banques américaines à payer des dividendes. Deux secteurs tirent leur épingle du jeu, les pharmas, portées par Astra Zeneca qui pourrait débuter bientôt la phase une de son vaccin contre le Covid-19. Les titres chinois cotés à New York passent également une bonne journée, portés par Tencent (700 HK), qui publie de solides résultats et grimpe de 4,5%. JD.Com grimpe de 1,7% après avoir été relevée par Mizuho.

Après la clôture, Cisco Systems (CSCO) gagne 2,5%, son bénéfice net est supérieur aux attentes.

Le pétrole est stable, malgré l’annonce d’une baisse surprise des stocks, le WTI Light Crude à 25,63 dollars le baril ce matin. L’or vient tester sa résistance et traite à 1722 dollars par once ce matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 0,62%. Le dollar est plutôt recherché, le Dollar Index (DXY) revient à 100,30, la paire eur/usd à 1,0804.

Au menu du jour, la décision de la banque centrale mexicaine, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis (consensus 2,5 millions), la Banque du Canada publie sa revue du système financier, Monsieur Kashkari de la Fed s’exprime, le taux de chômage en France, qui ressort à 7,8% au premier trimestre contre des attentes à 8,5%.

Straumann prévoit une réduction de 9% de sa main-d’œuvre mondiale cette année. Clariant propose aux actionnaires de retenir le dividende régulier. Les bénéfices de RWE augmentent grâce aux énergies renouvelables, la dette fait un bond au premier trimestre. Les tests de Covid-19 d’Abbott, largement utilisés aux États-Unis, seraient loin d’atteindre les performances des tests standards. Boeing obtient deux gros contrats pour livrer plus de 1000 missiles à Ryad. Tyson Foods réduit le prix de ses viandes pour compenser l’inflation des prix dans la distribution. Les discussions de rachat de GrubHub par Uber se poursuivraient sur la base d’une valorisation de 6 milliards de dollars. Intelsat se place sous la protection du Chapitre 11. Roche obtient des résultats positifs pour Tiragolumab dans le cancer du poumon. Wirecard annonce une progression de 24% de son chiffre d’affaires au premier trimestre juste au-dessus de 700 millions d’euros, pour une avance de son Ebitda de 26% à 199,2 millions d’euros.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge. Tokyo rend 1,73% à la cloche, Hong Kong recule de 1,4%, Shanghai de 0,8% et Séoul de 0,8%. Le future SPX recule de 0,3% et l’Europe est indiquée en repli de 1,3%.