Correction boursière: assiste-t-on à l'éclatement d'une bulle?

Clémence Dachicourt, Morningstar

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Après avoir atteint des records historiques, les marchés financiers sont entrés dans une phase de baisse prononcée, même si on ne peut pas encore parler de krach.

Quel est le catalyseur de la baisse actuelle?
Les bons chiffres de l’emploi publiés aux Etats-Unis, et en corollaire la perspective d’une remontée plus forte que prévu de l’inflation semblent avoir alimenté l’accélération de la remontée des taux à 10 ans américains (+44 points de base entre fin décembre et le 2 février, à 2,84%, dont +18 points de base au cours de la seule semaine écoulée). En toute logique, cela fait craindre à certains que la Fed relève plus vite et plus fortement que prévu ses taux directeurs.

Les marchés ont accusé le coup

Une fois de plus, le changement d’humeur de «Monsieur le Marché» a surpris tout le monde. L’indicateur le plus tangible de ce changement est l’évolution de la volatilité (VIX) qui est passé de 13,5 fin janvier à 37,3 le 5 février (niveau qu’elle n’avait pas atteint depuis 2011).

Comment interpréter ces événements?
Invoquer de bonnes statistiques économiques pour interpréter le revirement de marché ne peut pas mener bien loin. Le plus important, et tout particulièrement en période de panique boursière, est de rester focalisé sur l’évolution des fondamentaux et sur le niveau de valorisation des classes d’actifs.
Aux Etats-Unis, les profits des entreprises américaines sont au plus haut. Si l’environnement économique reste porteur, ces profits devraient rester soutenus au moins à court terme, tout en bénéficiant de surcroit des mesures fiscales favorables aux entreprises mises en place par l’administration Trump.
Cela dit, toutes ces bonnes nouvelles sont largement intégrées dans les cours. Le niveau de valorisation des actions américaines ajusté du cycle est lui aussi historiquement élevé. A 33,4x, l’indice CAPE de Robert Shiller n’a été aussi haut qu’en 1929 et en 2000, avant l’éclatement de bulles spéculatives.
La réaction de la Bourse est-elle une extension de la nervosité croissante qui a accompagné le marché haussier entre 2009 et 2017? Doit-on s’attendre à un impact significatif sur la rentabilité des entreprises?
Pour l’heure, nous pensons plutôt que nous avons affaire à une réaction épidermique des marchés, mais qu’elle ne reflète pas une détérioration des fondamentaux des entreprises.
La saison des publications de résultats n’est pas terminée, mais à ce stade, les publications de bénéfice par action sont 3% au-dessus des attentes du marché, et pointent vers une hausse des profits de 13% au cours du quatrième trimestre 2017. 69% des entreprises ayant publié ont battu le consensus sur les profits et 79% ont fait mieux que les attentes sur les chiffres d’affaires. Les principales surprises sont venues des secteurs de la technologie et de la santé, mais aussi d’un effet dollar positif, qui pourrait être une source de risque en 2018.

Quelle attitude adopter?
Gardons à l’esprit que le pire ennemi de tout investisseur n’est autre que lui-même. Les périodes de turbulence sur les marchés peuvent être dangereuses car elles tendent à provoquer une réponse émotionnelle. L’agitation et le bruit du marché poussent à agir, quand il faut plutôt rester calme et posé.
Pour dépasser ces biais comportementaux qui peuvent coûter cher à un portefeuille, nous suivons un certain nombre de principes:

  • Notre horizon d’investissement est très long. Si une baisse de 5%-10% semble significative, elle est toute relative sur un horizon de 10 ans.
  • Nous évitons d’écouter le bruit du marché pour nous focaliser sur les fondamentaux.
  • Il est important de toujours avoir une idée claire de la valeur intrinsèque des classes d’actifs lorsque l’on cherche à saisir des opportunités.

Chez Morningstar, nos allocations d’actifs actuelles comprennent une part significative de liquidités, reflet des niveaux de valorisation tendus. Ces liquidités servent d’amortisseur lorsque la volatilité augmente, et offrent des munitions pour saisir des opportunités lorsque celles-ci se présentent.
Le plus important dans une phase de marché comme celle que nous connaissons actuellement est de rester fidèle à son plan d’investissement et à ses objectifs financiers.

 

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