Les taux d’emprunt en zone euro sont repartis à la baisse mardi, après plusieurs jours de tension, les investisseurs renouant avec la prudence face à une incertitude grandissante sur le Brexit, et avant une réunion de la BCE jeudi.

«Il y a un mouvement de consolidation (des taux) après un fort mouvement de correction ces derniers jours», a souligné auprès de l’AFP François Raynaud, gérant allocation d’actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild AM.

Alors que les taux se sont tendus ces dernières séances à la faveur d’un regain d’appétit pour le risque, la prudence reprenait le dessus mardi chez les investisseurs, qui favorisaient de nouveau les obligations d’Etat faute de voir les incertitudes sur le Brexit se lever aussi rapidement qu’espéré.

«Il y a toujours un peu des doutes sur le Brexit», le Premier ministre britannique Boris Johnson voulant faire voter son accord par le Parlement et «faire passer la législation nécessaire pour que ce soit mis en place dans un agenda très court, sur trois jours», a expliqué M. Raynaud.

S’il est possible qu’il obtienne un vote positif du Parlement sur l’accord, il est en revanche probable que des amendements soient déposés pour que la mise en place soit plus longue que prévu ou qu’il y ait un référendum, cette dernière option étant celle que veut absolument éviter M. Johnson, selon le spécialiste.

«Dans ce cas-là, il retirerait le vote pour essayer de déclencher des élections», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre britannique a en effet menacé mardi de retirer le projet de loi sur son accord de Brexit et de demander des élections anticipées si les députés refusaient la marche forcée qu’il tente de leur imposer, à neuf jours seulement de la date prévue du divorce.

«Dans tous les cas», il y aurait toujours «une forte probabilité que cet accord sur le Brexit soit voté et mis en place puisque les sondages sont plus favorables à Boris Johnson», a toutefois estimé M. Raynaud.

Le Parlement ayant refusé samedi de se prononcer sur l’accord dans son ensemble, son feu vert dépend désormais de l’adoption de la législation technique nécessaire à sa mise en oeuvre, un processus bien plus complexe.

Outre le Brexit, «il y a beaucoup de résultats qui sont attendus cette semaine» ainsi qu’une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, a poursuivi M. Raynaud, ce qui plaide également pour moins de prises de risque des opérateurs de marché.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne (Bund) a baissé à -0,372% contre -0,346% lundi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France est également descendu à -0,069% contre -0,046%, tout comme celui de l’Espagne, à 0,255% contre 0,279%.

Le mouvement a été encore plus marqué pour celui de l’Italie, à 0,920% contre 0,980%.

Bruxelles a sommé mardi Paris et Rome de lui fournir dans les 24 heures des explications sur leur budget 2020, critiquant leur manque d’effort pour assainir leurs finances publiques, ce qui les ferait s’écarter une fois encore des règles européennes.

Au Royaume-Uni, le taux d’emprunt à 10 ans s’est lui aussi détendu à 0,707% contre 0,746%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans reculait légèrement à 1,787% contre 1,799%, celui à 30 ans se repliait à 2,267% contre 2,291%. Le taux à deux ans s’affichait pour sa part à 1,621% contre la même valeur lundi.