Bonds Europe: détente au milieu d’un flot d’incertitudes

AWP

2 minutes de lecture

Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a reculé à -0,593% contre -0,550% mercredi à la clôture.

Le marché de la dette s’est détendu jeudi, soutenu par la prudence générée à la fois par les sanctions américaines contre l’Europe, l’absence d’avancées concrètes du côté du Brexit et par un indicateur américain décevant.

«Il y a un rattrapage de la séance d’hier en Europe où les taux d’emprunt s’étaient tendus, à l’inverse de ceux des États-Unis», a observé auprès de l’AFP François Raynaud, un gérant allocation d’actifs et dettes souveraines de Edmond de Rothschild AM.

Le marché européen a repris jeudi son rôle plus traditionnel de refuge, en lien avec les «risques politiques et commerciaux», a ajouté l’expert.

Le ralentissement de la croissance de l’activité dans les services aux Etats-Unis en fin de séance a également accru nettement l’aversion au risque sur le marché.

«Donald Trump a embrayé sur la guerre commerciale avec l’Europe, plus tôt que ce que les marchés attendaient», a-t-il poursuivi. «Car les investisseurs anticipaient que cela n’arriverait qu’une fois le conflit avec la Chine terminé».

En pleine procédure de destitution, «le président américain a sans doute besoin d’allumer des contre-feux», a noté l’expert.

Les tensions entre l’Europe et les États-Unis ont brutalement ressurgi mercredi lorsque Washington a annoncé vouloir frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, après avoir reçu le feu vert de l’OMC dans le cadre de la bataille juridique de 15 ans entre Boeing et Airbus.

L’UE a promis jeudi de riposter, espérant néanmoins parvenir à un accord à l’amiable avec Washington afin d’éviter l’escalade d’une guerre commerciale néfaste aux deux côtés de l’Atlantique.

Le dossier du Brexit est également resté dans l’esprit des investisseurs.

En dépit des déclarations des uns et des autres, «pour l’instant aucune solution n’est trouvée», a souligné M. Raynaud.

Jeudi, Londres et Bruxelles ont passé leur temps à se renvoyer la balle dans la quête d’un accord sur le Brexit, s’appelant mutuellement à des efforts supplémentaires pour éviter un «no deal» dans quatre semaines.

Mais au-delà de la détente du jour, «il y a des signes de fébrilité sur le marché de la dette européen depuis la décision de la Banque centrale européenne» fin septembre de relancer un programme de rachats d’actifs, selon le spécialiste d’Edmond de Rothschild AM.

«Beaucoup d’investisseurs sont dans l’attente de la confirmation que Christine Lagarde», qui succédera bientôt à Mario Draghi à la tête de la BCE, «pourra poursuivre la politique monétaire accommodante» et ce d’autant plus «qu’il n’est pas du tout sûr que les gouvernements prendront le relais avec des plans de relance», a-t-il complété.

Italie plus dynamique

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne (Bund) a reculé à -0,593% contre -0,550% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi le même mouvement, à -0,292% contre -0,251%, à l’instar de celui de l’Espagne, à 0,126% contre 0,163%. Le mouvement a été plus important pour celui de l’Italie, à 0,823% contre 0,897%.

«Cela s’explique par la publication jeudi d’un indicateur d’activité manufacturière PMI pour septembre meilleur qu’attendu pour l’Italie, contrairement aux autres pays de la zone euro», a estimé M. Raynaud.

Au Royaume-Uni, le taux d’emprunt à 10 ans a également baissé à 0,466% contre 0,500%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans se détendait à 1,539% contre 1,599%, tout comme celui à 30 ans, à 2,047% contre 2,088%. Le taux à deux ans s’affichait pour sa part à 1,378% contre 1,478%.

A lire aussi...