Mutation numérique et responsabilité humaine des dirigeants

Présélection prix Turgot 2018

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Valérie Julien Grésin, Yves Michaud, Editions Odile Jacob.

Valérie Julien Grésin est docteur en philosophie et fondatrice du cabinet ASM, chargée d’enseignement en master de philosophie à l’Université Catholique de Lyon.

Yves Michaud a enseigné la philosophie dans de nombreuses universités en France et à l’étranger.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Philippe Alezard

Le numérique, au sens large du terme, robotisation, réseaux sociaux, intelligence artificielle, connectivité, modifie en profondeur les frontières entre le politique, l’économique et le sociétal.

Il a fallu entre cinquante et cent ans pour que les révolutions industrielles qu’on été la vapeur, le train et l’électricité ne se diffusent sur les différents continents. La mutation du numérique a touché tous les habitants de la planète en moins de dix ans. De plus cette mutation affecte toutes les dimensions de la vie ainsi que notre rapport au monde. Elle modifie notre relation avec le temps, avec l’information, avec notre vie privée, avec notre environnement. Elle donne une illusion d’ubiquité, elle distord notre relation entre le charnel et le virtuel, elle (re)modèle notre pensée.

La numérisation impacte tous les aspects du travail. L’information se diffuse à un rythme effréné, les distances s’abolissent, l’étanchéité entre extérieur et l’intérieur disparaît, la notion de tâche devient floue et même le sacro-saint contrat de travail est ébranlé. Ces modifications et cette porosité entre l’entreprise et le monde extérieur ont des implications fortes sur le champ de responsabilité entre les stockholders, les actionnaires, et les stackeholders, les parties prenantes. Une approche complémentaire prenant en compte ce que l’extérieur apporte à l’entreprise est nécessaire.

Pour Milton Friedman, le profit était l’unique responsabilité sociale de l’entreprise. Pour Edward Freeman, la création de valeur n’est pas du simple fait des stockholders mais aussi des stackeholders envers lesquels l’entreprise n’a pas que des obligations morales. Encore faudra-t-il délimiter ces notions de partie prenante et de responsabilité de l’entreprise. C’est ce à quoi la raison d’être de l’entreprise devrait apporter des réponses. Le pouvoir conféré aux acteurs économiques conditionne nos modes de vie et impacte l’environnement. Plus que jamais, les dirigeants ont la responsabilité de répondre de leurs choix pour l’humanité.

Au travers d’interviews de dirigeants et de leur vision philosophique, les auteurs tentent d’apporter un double éclairage sur ses nouveaux bouleversements.