Les leçons du pouvoir

Présélection prix Turgot 2018

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François Hollande, Editions Stock.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Jean-Jacques Pluchart

Le livre-bilan de François Hollande ne soulève-t-il pas plus de questions qu’il n’en résout? L’exceptionnel succès de l’ouvrage est-il attribuable aux confidences d’un homme de pouvoir ou  à la sincérité d’un honnête homme, à la vivacité d’un débatteur ou à la conviction d’un leader politique, à l’habileté d’un homme d’appareil ou à l’expertise d’un technocrate, à la spontanéité d’un homme de terrain ou à l’expérience d’un grand de ce monde?

Malgré la robustesse de l’argumentaire déployé par le Président afin de justifier le bien-fondé des diverses actions engagées au cours de son quinquennat, le lecteur ne continue-t-il pas à s’interroger sur les raisons profondes des modestes performances économiques de la France au cours d’une période marquée au contraire dans la plupart des pays voisins – et notamment en Allemagne – par un retour durable à la croissance, par une résorption du chômage, par une restauration budgétaire, par un désendettement public et par une embellie du commerce extérieur? Ce décalage est-il dû à l’hystérésis de la crise de 2008-2010 ou à l’effet-retard de plans d’actions à long terme? Cette anémie économique française résulte-t-elle de mesures plus redistributrices que mobilisatrices ou de politiques plus sécuritaires que flexibles? Cette stagnation quinquennale est-elle imputable à une absence de volonté des partis politiques traditionnels, à leur difficulté à surmonter leurs divisions internes ou à leur incapacité à engager des réformes structurelles et à libérer les énergies créatrices du pays? La faiblesse française est-elle produite par des facteurs plutôt externes ou internes: les excès du capitalisme financier ou les effets des «combinaisons bruxelloises»? L’impossibilité d’adapter aux réalités du XXIe siècle, des systèmes corporatistes et paritaires obsolètes ainsi que des appareils administratifs et fiscaux sans cesse plus complexes? Ces questions expliquent peut-être pourquoi l’ouvrage est plutôt considéré par la plupart des médias comme un carnet de révélations sur les coulisses du pouvoir, que comme une leçon sur la construction des grands systèmes à laquelle la France, au sein de l’Union européenne, est plus que jamais appelée à être associée.