Vaudoise Assurances croît plus vite que prévu en Suisse alémanique

Yves Hulmann

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Philippe Hebeisen, le directeur, estime que le domaine des véhicules restera attrayant pour le groupe vaudois ces prochaines années.

©Keystone

Vaudoise Assurances a vu ses résultats progresser dans pratiquement toutes ses activités l’an dernier. Les primes brutes ont atteint l'année dernière 1,137 milliard de francs (1,085 milliard), en hausse de 4,8% sur un an. La progression s'est élevée à 7,3% pour l'assurance-vie, à 220 millions (205,1 millions en 2017).

Dans le domaine non-vie, elles ont crû de 3,3% à 904 millions (875,3 millions en 2017). Branche la plus importante dans ce segment, les primes de l'assurance pour véhicules à moteur ont augmenté de 1,7% à 343 millions de francs. Dans le segment maladies, elles ont crû à 189 millions (+9,1%), tandis qu’elles ont progressé à 158 millions (+1,3%) dans celui des accidents. Le ratio combiné non-vie, soit le rapport entre les sinistres et les dépenses, a été amélioré de 1,8 point de pourcentage, à 92,1%.

«Nous avons simplement recentré notre stratégie
sur les segments porteurs de succès.»

Au final, le groupe vaudois a dégagé un bénéfice de 127,5 millions de francs (120,7 millions), soit une hausse de 5,7% sur un an. Dans ce contexte, Vaudoise Assurances proposera aux actionnaires de distribuer 0,25 franc par action A (0,20 franc en 2017). Pour la nominative B, une rémunération de 13 francs par unité sera soumise aux actionnaires, comparé à un niveau maintenu à 12 francs durant les quatre années précédentes.

Entretien avec Philippe Hebeisen, directeur général de Vaudoise Assurances, qui remettre en mai 2020 son poste à Jean-Daniel Laffely, actuel directeur financier et directeur adjoint du groupe. 

Jusqu’au milieu de la décennie, Vaudoise Assurances a procédé à plusieurs désinvestissements, en revendant les activités d’Intras en 2008 ou en cédant Valorlife en 2014. Depuis, votre groupe a procédé, au contraire, à des acquisitions, en rachetant Animalia en 2016, puis Berninvest en 2017. Après une phase de recentrage, le groupe Vaudoise Assurances privilégie-t-il une expansion via des acquisitions? 

Cette évolution reflète avant tout une double phase de recentrage. D’une part, un recentrage sur le marché suisse, car c’est celui que l’on connaît le mieux. D’autre part, un recentrage sur les domaines que nous maîtrisons et qui font partie de notre cœur de métier. C’est dans ce cadre que nous avions décidé de nous séparer des activités d’Intras, une caisse-maladie, et de Valorlife, basée au Liechtenstein. Maintenant, cela ne signifie pas que nous soyons passés d’une phase de réduction de nos activités à une phase d’expansion. Nous avons simplement recentré notre stratégie sur les segments porteurs de succès, ceux qui sont à l’origine de la réussite du groupe au cours des dix dernières années.

«L’impact de la numérisation implique aussi une transformation culturelle
du mode de fonctionnement d’une organisation comme la nôtre.»
Vaudoise Assurances a engagé un CTO, soit un «chief transformation officer». Pourquoi? 

Définir cette fonction comme «chief technology officer», ou directeur technologique, aurait été trop réducteur à mon sens. L’impact de la numérisation entraîne des changements non seulement sur le plan technologique mais implique aussi une transformation culturelle du mode de fonctionnement d’une organisation comme la nôtre. C’est aussi pourquoi nous avons investi dans des start-up telles que CredEx, une plateforme active dans le domaine hypothécaire, ou dans Foxstone, qui applique les principes du financement participatif au secteur de l’immobilier.

En soutenant de tels projets, le but est-il pour Vaudoise de réaliser une expansion dans de nouveaux segments ou de substituer des activités existantes qui seront distribuées via de nouveaux canaux, pour séduire une clientèle plus jeune notamment? 

L’objectif varie en fonction de chaque projet. Dans le cas de CredEx, le recours à cette plateforme permet aussi à la Vaudoise de proposer des hypothèques aux clients via un véhicule hors bilan.

La Vaudoise a-t-elle déjà atteint les limites autorisées dans les domaines de l’immobilier et des hypothèques?

La part des activités liées à l’immobilier ne peut pas dépasser les 35% de la fortune liée. Compte tenu de nos placements dans l’immobilier et dans les hypothèques, Vaudoise n’a effectivement plus qu’une faible marge de manœuvre pour investir dans l’immobilier.

«Nous observons attentivement
les évolutions en cours en matière de mobilité.»
Dans les affaires non-vie, les assurances véhicules restent le premier segment d’activités avec des recettes de 343 millions de francs, avant les domaines maladies (189 millions) et accidents (158 millions). Aujourd’hui, beaucoup d’experts anticipent un recul des recettes dans le domaine des assurances automobiles en raison des changements d’habitude des consommateurs en matière de mobilité. Comment vous préparez-vous à ces changements?

Il y a deux aspects à distinguer dans le domaine des assurances véhicules. D’un côté, il y a la facturation sur mesure que nous proposons déjà à nos clients. Les prix varient en fonction de la manière dont les assurés conduisent – leur comportement routier est mesuré à l’aide d’une application – ainsi qu’en fonction de l’usage réel du véhicule. Quelqu’un qui laisse presque toujours son véhicule au garage et l’utilise que de temps à autre le week-end ne paie pas autant que s’il emploie son véhicule tous les jours. De l’autre, il y a l’aspect que l’on décrit désormais comme la multi-mobilité. A savoir, on effectue une partie du trajet avec sa voiture, puis le reste avec les transports publics ou à vélo. Ici, nous n’avons pas encore d’offre intégrant l’ensemble du parcours effectué dans une seule assurance.

Nous observons attentivement les évolutions en cours en matière de mobilité. Pour autant, nous ne sommes en tout cas pas perdants face à ces nouvelles habitudes. Pour preuve, les assurances véhicules restent un segment de croissance pour nous, en hausse de 1,7% l’an dernier.

Par régions, le volume des primes a augmenté de 6,1% en Suisse alémanique, davantage que l’objectif d’au moins 5% par an que vous vous êtes fixé pour cette région. Dans quels segments croissez-vous en particulier? 

Pour l’essentiel, dans les mêmes segments qu’en Suisse romande. A savoir avec les offres pour les particuliers, les indépendants ainsi que les PME de moins de 10 collaborateurs. Nous progressons dans les domaines où les clients accordent de l’importance aux contacts personnels ou aux relations de proximité avec les agents. Vaudoise Assurances tire parti d’une stratégie axée sur la continuité. Nous ne changeons pas de stratégie chaque année. Nous avons un faible tournus de notre personnel et nous profitons de recruter de bons collaborateurs quand l’occasion se présente.

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