Valiant continuera de miser sur le conseil personnalisé

Yves Hulmann

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Markus Gygax, le directeur, estime qu’une présence physique sur différents sites reste essentielle pour assurer la croissance de la banque régionale.

En 2018, la banque de détail Valiant a vu son résultat opérationnel augmenter de 11,5% à 151,9 millions de francs. Le bénéfice net de l’établissement bernois coté en bourse a atteint 120,3 millions de francs, soit une hausse de 0,9% sur un an. Le conseil d'administration propose de relever la rémunération des actionnaires à 4,40 francs par action, en hausse de 40 centimes par rapport à l'exercice précédent. Lors de l’assemblée générale qui se tiendra en mai à Lucerne, l’actuel directeur Markus Gygax, sera proposé comme nouveau membre du conseil d’administration. L’actuel responsable des finances, Ewald Burgener, reprendra, lui, la fonction de CEO dès le lendemain de cette assemblée. Un an plus tard, Markus Gygax sera proposé pour devenir président du conseil d’administration de Valiant en 2020. Entretien avec Markus Gygax, le futur président du groupe qui emploie quelque 890 collaborateurs en équivalent à temps plein dans différentes régions de Suisse.

Outre les différents sites où la banque Valiant était déjà présente en Suisse romande, elle dispose désormais aussi de succursales à Vevey et à Nyon. L’ouverture de succursales à Rheinfelden, St-Gall et Wil est aussi à l’agenda en Suisse orientale. Peut-on dire que Valiant est en voie de devenir une banque de détail active sur l’ensemble de la Suisse?

Le concept d’être une banque active sur l’ensemble de la Suisse ne correspond pas à Valiant. Je préfère dire que nous sommes une banque régionale avec une large présence allant des bords du Lac Léman jusqu’au Lac de Constance. Nous restons fidèles à notre approche de banque régionale présente dans différentes régions en Suisse. En revanche, nous n’ambitionnons pas de nous implanter sur l’ensemble du territoire: Valiant ne va pas s’installer rue du Rhône à Genève, ni à la Bahnhofstrasse à Zurich. Nous ne prévoyons pas non plus d’étendre notre présence en Valais, dans les Grisons ou au Tessin.

«Il possible d’augmenter encore le nombre de nos collaborateurs
sur les sites où nous sommes implantés en Suisse romande.»
La phase d’expansion de Valiant en Suisse romande est-elle désormais achevée?

Nous sommes satisfaits de notre réseau de succursales actuel. En revanche, il est encore possible d’augmenter le nombre de nos collaborateurs sur les sites où nous sommes implantés en Suisse romande. De ce point de vue, un potentiel de croissance supplémentaire existe encore en Suisse romande.

Vous avez indiqué lors de la conférence que les marges de vos activités de crédit étaient plus élevées en Suisse romande. Pourquoi est-ce le cas?

La Suisse romande est effectivement un marché attrayant avec des marges plus élevées que dans le reste du pays. Quant à savoir pourquoi c’est le cas, je n’ai pas d’explication toute faite à ce sujet - je ne peux qu’avancer des hypothèses. Dans tous les cantons, ce sont en général les banques cantonales locales dominant le marché qui dictent les prix aux autres participants. Nous n’avons pas nous même d’influence sur le niveau des prix. Notre position reste encore marginale sur le marché romand, pour l’instant. S’agissant du canton de Vaud par exemple, nous employons quelque 25 collaborateurs sur quatre succursales. Ce n’est qu’une fraction du personnel dont dispose la banque cantonale.

«Lorsqu’il s’agit de conclure une hypothèque,
le contact réel avec les conseillers reste essentiel.»
Concernant votre nouvelle succursale de Nyon, vous y appliquez un concept alliant conseil à distance via la vidéo et contact personnel avec des conseillers présents sur place. Est-ce un premier pas vers une approche encore davantage axée sur la numérisation à l’avenir?

Non. Ces deux approches répondent à des besoins différents et se complètent. Le conseiller qui intervient via la vidéo aide le client à résoudre l’ensemble des questions pratiques auxquelles il est confronté, il lui organise des rendez-vous avec des conseillers, etc. En revanche, lorsqu’il s’agit de conclure une hypothèque, le contact réel avec les conseillers reste à notre avis essentiel. Dans chacune de nos succursales, il y a toujours au moins trois collaborateurs présents sur place.

Valiant teste une offre comparative hypothécaire dans la région de St-Gall. Combien de participants au marché sont nécessaires pour qu’une telle offre fonctionne?

Il faut que le client puisse choisir entre au moins cinq offres différentes pour que l’on puisse parler vraiment d’une offre comparative. L’idée est que Valiant continue d’assurer la prestation de conseil en rapport avec le choix d’une hypothèque – même si l’hypothèque, elle-même, est financée par un établissement tiers, une assurance ou une caisse de pension. Les clients qui ne regardent que le prix recourront plutôt aux solutions proposées par différents comparateurs en ligne. Notre valeur ajoutée se situera au niveau de l’accompagnement du client.

«Si les taux devaient vraiment augmenter à l’avenir,
la situation de forte concurrence entre établissements demeurera.»
La perspective d’une hausse des taux d’intérêt s’est à nouveau éloignée récemment, après une phase de hausse l’an dernier. Les clients sont-ils néanmoins devenus plus prudents lorsqu’ils concluent une hypothèque?

Non, je n’ai pas perçu de changement allant dans ce sens. Le plus grand nombre d’hypothèques que nous octroyons ont une durée de cinq ans. De plus, même si les taux devaient vraiment augmenter à l’avenir, la situation de forte concurrence entre établissements va demeurer. D’une part, en raison de la numérisation qui permet aux clients de comparer plus facilement les offres. D’autre part, en raison de l’entrée sur le marché d’investisseurs institutionnels comme les caisses de pension. La pression sur les prix va demeurer.

Le dividende de 4,40 francs par action qui sera proposé lors de l’assemblée générale correspond à un taux de distribution de 58%. Un tel niveau pourra-t-il être maintenu à l’avenir?

Un taux de distribution de 58% s’inscrit dans le milieu de la fourchette située entre 40 et 70% que nous avons définie comme objectif. Bien sûr, nous ne pouvons pas garantir qu’un tel taux de distribution sera proposé aussi lors des années suivantes. En revanche, nous allons verser un dividende d’au moins 4,40 francs par action.

«Prendre une certaine distance avec mon ancienne fonction
est souhaitable avant que je reprenne la présidence en 2020.»
Avant d’être proposé pour l’élection à la présidence du conseil d’administration de Valiant en 2020, vous allez, durant un an, vous limiter à un rôle d’administrateur. Est-ce pour prévenir d’éventuelles critiques en matière de gouvernance d’entreprise?

Je pense qu’il est positif pour toutes les parties que le futur directeur de Valiant, l’actuel directeur financier Ewald Burgener, ainsi que le reste de l’équipe de direction puissent mettre eux-mêmes en place la nouvelle stratégie 2024 du groupe. Prendre une certaine distance avec mon ancienne fonction pendant un an est souhaitable avant que je reprenne la présidence en 2020.

Le conseil d’administration de Valiant devrait être composé bientôt de quatre femmes et de quatre hommes. Etait-ce voulu?

Non, nous n’avons pas réfléchi en termes de quota. Le critère de compétence prime dans le choix des candidats et candidates. Nous sommes néanmoins fiers que notre conseil d’administration soit à l’avenir composé d’un nombre égal d’hommes et de femmes.

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