SIX: 2019 sera une bonne année pour les IPO

Yves Hulmann

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Jos Dijsselhof, le directeur de SIX, observe que beaucoup de sociétés sont toujours à la recherche de financement pour continuer leur développement.

En 2018, le groupe de services financiers SIX a vu son bénéfice net bondir à 2,88 milliards de francs, comparé à 207,2 millions un an plus tôt, porté par la vente de son unité trafic des paiements (Cards) cédée à Worldline pour 2,95 milliards. Hors vente de cette unité, le bénéfice net de la société zurichoise a, sur une base ajustée, reculé d’un cinquième pour s’établir à 160,6 millions de francs (207,2 millions un an plus tôt). Au terme de l'opération, SIX détient 27% de Worldline. Parmi les projets lancés l’an dernier, SIX a lancé un service de facturation électronique («eBill»), un service destiné aux banques et assurances appelé 24x7 SOC, une plateforme d’émission d’obligations («Deal Pool»). La SIX a aussi précisé son projet de bourse numérique SDX qui devrait démarrer ses activités l’automne prochain. Tour d’horizon avec Jos Dijsselhof, directeur (CEO) de SIX.

SIX lance des initiatives dans toutes sortes de domaines différents. Avec Swiss Cloud, SIX proposera une offre de solution dans l’informatique en nuage. Le groupe investit dans des «jeunes pousses» via son fonds SIX FinTech Ventures et il démarrera en seconde moitié sa plateforme d’échange d’actifs numériques SDX, ou Swiss Digital Exchange, basée sur la technologie des chaînes de blocs. SIX est-il encore avant tout l’exploitant d’une place boursière ou devient-il toujours plus une entreprise IT? 

SIX est et restera d’abord un fournisseur de services pour les marchés financiers. Pour rester un acteur important dans ce domaine, SIX a néanmoins besoin d’être vraiment à la pointe sur le plan technologique. Pour autant, nous n’allons pas devenir une entreprise technologique active dans la finance. Nous restons un fournisseur de services financiers qui utilise intensivement les outils technologiques nécessaires pour fournir les services que nous proposons.

«Je pense que toujours plus d’activités seront transférées
vers la bourse numérique à cause des bénéfices que celle-ci apportera.»

Avec le lancement prévu en seconde partie d’année de la plateforme SDX, qui inclura notamment un service d’«Initial Digital Offering» (IDO), n’y a-t-il pas un risque de cannibalisation de vos propres activités? Une société qui lève des fonds via une ICO, ou IDO dans votre cas, n’aura plus besoin d’effectuer une entrée en bourse classique.

Il s’agit définitivement d’offres complémentaires. Je serais toutefois surpris et peut-être un peu déçu si certains des activités existantes que nous proposons ne migrent pas vers la boursière numérique SDX. La bourse traditionnelle tout comme les activités de post-trade ne disparaîtront bien sûr pas d’un jour à l’autre. Je pense néanmoins que toujours plus d’activités seront transférées vers la bourse numérique à cause des bénéfices que celle-ci apportera. Elle nécessitera moins de collatéraux et auront moins de risque de crédit. Au final, la bourse numérique contribuera aussi à améliorer l’efficacité des transactions financières dans leur ensemble. Cela signifie aussi qu’il est possible que nous assistions à une cannibalisation de certaines de nos activités dans une certaine mesure. En ce qui concerne SDX, nous avons dit dès le début que nous construisons un pont entre l’ancien et le nouveau monde et permettrons aux clients de décider eux-mêmes quand et comment ils voudront saisir les opportunités qu’offre le nouvel écosystème. Au final, je suis aussi convaincu que plus nous offrirons une gamme étendue de services financiers, plus la SIX grandira et accroîtra ses activités.

«SIX est très bien positionné pour naviguer à travers
le processus de transformation en cours.»
En matière de places boursières permettant d’échanger des crypto-actifs, SIX n’est pas seule sur les rangs. La plateforme d’échange d’actifs numériques qui devrait être lancée cette année par Deutsche Börse et Swisscom ne constituera-t-elle pas un concurrent direct à votre plateforme SDX?

Il y a tellement d’initiatives qui sont actuellement lancées dans ce domaine qu’il est presque difficile de suivre chacun de ces nouveaux développements! Swisscom a un projet avec Deutsche Börse, la bourse thaïlandaise a aussi un projet dans les crypto-actifs, le Nasdaq, etc. Il est certes possible qu’il y ait des redondances entre les différentes offres proposées sur certains segments. Toutefois, je pense que SIX est très bien positionné pour naviguer à travers le processus de transformation en cours. Nous sommes la seule bourse qui a lancé une telle offre. Nous nous occupons du post-trade et du clearing en francs suisses. Nous sommes aussi supervisés par la Finma, ce qui est une garantie de plus pour les investisseurs. SIX est l’une des seules sociétés qui créée une bourse dans ce domaine qui assure l’ensemble de la chaîne de valeur des actifs numériques «tokenisés» allant de la levée de capitaux au négoce, au règlement et à la conservation.

«A terme, SDX fera partie intégrante de l’offre proposée par SIX.»
La plateforme SDX sera-t-elle une entité autonome au sein de la SIX ou entièrement intégrée au sein du groupe?

Nous avons conduit le développement de SDX de manière un peu séparée en lui laissant une large autonomie durant sa phase de développement afin d’accélérer les choses. Néanmoins, à termes SDX fera partie intégrante de l’offre proposée par SIX.

En 2018, 12 introductions en bourse (IPOs and listings) ont eu lieu sur la bourse suisse SIX. Qu’attendez-vous pour cette année?

Il est toujours extrêmement difficile de faire des prévisions dans ce domaine. Il suffit parfois d’une ou deux transactions importantes sur le marché pour que d’autres sociétés décident de franchir le pas. Le pipeline de sociétés candidates à l’entrée en bourse ou proche de cette étape est à mon avis déjà bien rempli. Il y a beaucoup d’entreprises qui veulent continuer de croître, d’investir de faire des fusions et acquisitions. J’ai aussi l’impression que les marchés ont adopté une vue plus pessimiste que la réalité de l’économie. C’est pourquoi je pense que 2019 sera une bonne année pour les IPO, même s’il faudra attendre plutôt la deuxième moitié de l’année.

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