Mesurer les risques climatiques

Salima Barragan

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D’ici la fin de l’année, ODDO BHF AM publiera un indicateur de contribution à la transition énergétique. Le point avec Nicolas Jacob.

Un nombre toujours plus important d’investisseurs cherche à minimiser son exposition aux risques climatiques compte tenu des conséquences environnementales et sociétales qu’ils impliquent. Mais mesurer précisément ces risques spécifiques à chaque entreprise est une tâche fastidieuse. ODDO BHF AM les calcule à l’aide d’un indicateur propriétaire, lequel devrait être accessible aux clients investis dans les portefeuilles intégrant les critères ESG d’ici la fin de l’année. Entretien avec le responsable de la recherche ESG, Nicolas Jacob.

Concrètement, comment mesurez-vous les risques climatiques de vos fonds?

Outre la mesure de l’intensité carbone des portefeuilles, nous avons développé un indicateur interne afin de mesurer la contribution de chaque entreprise à la transition énergétique vers une économie bas carbone. Cet indicateur ETA («Energy Transition Analysis» ou analyse de la transition énergétique) est composé de deux éléments: le positionnement du secteur au sein duquel exerce la société analysée, et la notation de la composante environnementale de cette même société attribuée par notre modèle interne d’analyse ESG. 

«Le positionnement sectoriel
compte pour 30% du score Energy Transition Analysis.»
Quel élément prévaut lors de leur hiérarchie: la composante sectorielle ou celle spécifique aux entreprises?

Le positionnement sectoriel compte pour 30% du score ETA et est déterminé au regard des risques et opportunités rattachés à cinq thématiques environnementales de long terme: les énergies propres, l’efficacité énergétique, la biodiversité, l’économie circulaire et la mobilité durable. En deuxième lieu, la composante environnementale de la société analysée compte pour 70% de notre indicateur et se divise entre l’appréciation du système de management environnemental (consommation d’énergie, intensité carbone, gestion de l’eau et des déchets) et l’analyse du positionnement des produits et services offerts en matière d’opportunités et des risques liés au climat.  

Comparativement, quels secteurs s’en sortent le mieux?

Logiquement, les secteurs directement liés aux énergies fossiles sont moins bien positionnés que des secteurs offrant des solutions tels que les biens d’équipement et la technologie en matière d’efficacité énergétique ou de mobilité durable par exemple. 

Pour autant, notre analyse de la gestion des risques environnementaux au niveau de l’entreprise nous amène aussi à juger positivement l’évolution d’un modèle d’affaire au départ mal positionné mais pour lequel les dirigeants ont perçu la non-soutenabilité à long terme.  

«Nous avons décidé d’exclure le charbon de nos fonds
compte tenu de son poids dans les émissions mondiales de CO2.»
Votre indicateur est à usage interne. Comptez-vous en créer un pour le public?

Oui, nous travaillons pour être en mesure de publier notre indicateur ETA d’ici la fin de l’année pour les fonds intégrant les critères ESG dans leur processus d’investissement.

En tant qu’investisseur, quelles actions prenez-vous vis-à-vis des sociétés?

En mars 2018, ODDO BHF Asset Management a rejoint l’initiative Climate Action 100+ avec pour objectif de participer à l’effort commun des investisseurs pour faciliter le dialogue avec les 100 entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre dans le monde.

Par exemple, dernièrement nous avons pris part au dialogue avec le groupe ArcelorMittal. 

Récemment, vous avez exclu le charbon de vos fonds…

Oui, nous avons décidé d’exclure le charbon de nos fonds intégrant les critères ESG compte tenu de son poids dans les émissions mondiales de CO2 et des nombreuses externalités négatives aussi bien environnementales que sociales. C’est environ 12’000 morts prématurées par an en Europe liées au charbon. Nous sommes face à un actif qui est dans une impasse économique, financière et sociétale.