Les infrastructures: un marché difficile d’accès pour les investisseurs

Yves Hulmann

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Gwenola Chambon, CEO de Vauban Infrastructures Partners, privilégie les projets qui fournissent des services essentiels à la population.

Dans un environnement de taux très bas historiquement, les investisseurs sont toujours davantage à la recherche d’alternatives aux placements obligataires. A côté de l’immobilier et du capital investissement, les infrastructures gagnent en attrait auprès des investisseurs. Le point avec Gwenola Chambon, CEO de Vauban Infrastructures Partners, une société de gestion spécialisée dans l’investissement en infrastructures, affiliée de Natixis Investment Managers, et qui gère plus de 3 milliards d’euros d’actifs.

Pourquoi avez-vous créé une société uniquement consacrée aux investissements d’infrastructure plutôt que de miser sur des placements plus diversifiés?

L’idée pour Natixis IM était de créer une offre dédiée à des investissements dans des actifs d’infrastructures afin de compléter sa gamme de produits d’actifs réels, à l’instar d’autres classes d’actifs qui présentent des caractéristiques proches comme l’immobilier ou le capital-investissement qui sont également orientées sur le long terme. Grâce aux véhicules que nous proposons, les investisseurs peuvent augmenter la poche consacrée aux infrastructures régulées de long terme. Parmi les actifs relativement illiquides, on peut observer que la part au sein des portefeuilles allouée au private equity ou à l’immobilier a moins progressé que celle liée aux infrastructures au cours des cinq dernières, qui constitue la classe d’actif réel la plus recherchée actuellement par les investisseurs.

Le Vieux Continent représente à lui seul environ la moitié
du marché total mondial des infrastructures.
Concrètement, dans quels genres de projets d’infrastructures investissez-vous?

Nous investissons dans toutes les infrastructures régulées qui fournissent des services essentiels à la population. Il peut s’agir aussi bien des domaines des transports, de la fourniture en électricité, des services aux collectivités (eau, traitement de l’eau, etc.), les infrastructures sociales (hôpitaux, écoles, universités, etc.) que des équipements destinés à la numérisation (fibre optique, centres de données, etc.). Dans tous ces domaines, le fait d’avoir une approche d’investissement axée sur le long terme permet d’être cohérent avec la durée de vie très longue de ce type d’infrastructures. Il y a également un alignement d’intérêt entre, d’un côté, les personnes qui mettent à disposition les fonds et, de l’autre, celles qui en sont les bénéficiaires.

Dans beaucoup de domaines liés à la finance, on observe une désintermédiation des processus d’investissement. Cela constitue-t-il une concurrence aussi dans le domaine des infrastructures?

Les infrastructures restent un domaine relativement difficile d’accès pour les investisseurs. Il est nettement plus difficile d’investir soi-même dans des projets d’infrastructure que dans l’immobilier par exemple. Cela requiert une expertise spécifique, des équipes de spécialistes. Les barrières à l’entrée restent plus élevées.

L’Allemagne a été un peu le parent pauvre de l’Europe
en matière d’investissement dans les infrastructures.
Dans quels pays investissez-vous avant tout?

Nous nous concentrons uniquement sur l’Europe. D’une part, car le Vieux Continent représente à lui seul environ la moitié du marché total mondial des infrastructures et, d’autre part, aussi parce qu’il y a une culture de l’investissement privé dans le domaine des infrastructures. Parmi ces pays, nous avons investi en France, en Espagne au Portugal, en Italie, en Norvège, en Finlande.

Qu’en est-il de l’Allemagne?

Jusqu’ici, l’Allemagne a été un peu le parent pauvre de l’Europe en matière d’investissement dans les infrastructures. Il y a un double défi à relever concernant le marché allemand : d’une part, le pays n’a pas vraiment une culture du financement des infrastructures par des investissements privés. D’autre part, les clients ne sont pas habitués à payer pour l’utilisation des infrastructures, notamment concernant l’usage des autoroutes. Mais les choses sont en train de changer car le pays se rend compte qu’il a un réel besoin de renouvellement de ses équipements en infrastructures. Y compris dans le domaine des télécoms, par exemple, pour généraliser l’usage de la fibre optique.

Qui investit surtout dans vos fonds?

Il y a actuellement beaucoup d’investisseurs qui cherchent des relais aux placements obligataires en raison de l’environnement de taux bas. C’est le cas notamment du côté des assurances, des fonds de pension ou des fonds de fonds. Par ailleurs, le côté concret, tangible, des investissements dans les infrastructures sont aussi un aspect qui séduit les investisseurs. Il faut préciser que nos fonds s’adressent exclusivement à des investisseurs professionnels.