Investir dans la croissance des sociétés de technologie

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

La naissance de Neventa Capital annonce le retour des frères Mansour de MIG Bank. Une nouvelle manière d’exploiter leur expertise.

En septembre 2013, Swissquote annonçait le rachat de MIG Bank, négociant online spécialisé dans le trading des devises. Premier courtier Forex à obtenir une licence bancaire en Suisse, MIG Bank était installé à Lausanne et doté de bureaux à Zurich, Londres et Hong Kong. La société créée par la famille d’origine jordanienne Mansour employait alors 120 personnes et se revendiquait comme «un leader mondial du courtage de forex». C’est avec Neventa Capital qui investit dans la croissance des sociétés de technologie que les frères Mansour reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène. Entretien avec Wissam Mansour, fondateur et CEO. 

Pouvez-vous revenir rapidement sur l’histoire de MIG Bank?

C’est vraiment une histoire de famille. Mon père était déjà dans le négoce des devises et de l’or en Jordanie. Mais pour prétendre croitre au niveau global, il nous fallait opérer à partir d’un pays solide, doté d’une réputation impeccable. C’est ainsi que nous avons créé MIG d’abord à Neuchâtel puis l’avons transféré à Lausanne. En dix ans jusqu’à la vente à Swissquote, MIG Bank était devenu un opérateur online majeur dans l’univers des devises et de l’or, entièrement automatisé, avec des clients dans plus de 120 pays et agrégeant des comptes d’une vingtaine de banques. 

«Nous ne nous intéressons qu’aux sociétés qui génèrent
des revenus et dont le modèle d’affaires est démontré.»
Votre nouvelle aventure parait très différente. Est-ce le cas?

Peut-être pas autant qu’il n’y parait. Tout d’abord, vous y retrouvez mon frère Hisham et moi-même. Une affaire de famille encore une fois. De plus, Neventa Capital exploite notre expertise principale : une expertise de la technologie digitale, appliquée surtout dans les domaines de la fintech, de la marketplace, de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle, du machine learning et du Software/SaaS. 

Votre objectif est-il d’investir dans la phase de croissance des sociétés de technologie?

Précisément. Notez que nous ne nous intéressons qu’aux sociétés qui génèrent des revenus et dont le modèle d’affaires est démontré. Les phases de prédémarrage (Angel) et de démarrage (Seed) – en d’autres termes le capital-risque – ne nous intéressent pas. Outre les capitaux, ce que nous apportons à ces sociétés, c’est notre compétence en matière d’efficience opérationnelle, largement démontrée avec MIG Bank. Notre philosophie d’investissement est basée sur trois points : les personnes, le produit et le potentiel.  Autrement dit (en anglais): people, product, potential.  Quand nous faisons référence au potentiel, il s’agit tout autant de la croissance à long terme, du marché potentiel que du produit/service offert, ainsi que de la stratégie de sortie, c’est-à-dire de revente ou de cotation. 

Parlez-nous de votre investissement star.

C’est la société SharesPost de San Francisco qui a retenu notre attention car elle a mis en place la première place de marché entièrement digitale du capital-investissement dès 2009 et est devenue leader du négoce des actions des sociétés en phase de pré-IPO - les fameuses licornes - qu’elle couvre à 80%. Bien établi, le modèle de SharesPost fait école car il facilite le processus d’investissement dans le private equity secondaire, ce qui permet aux détenteurs de parts de sociétés privées de pouvoir revendre leurs actions sur ce marché et de ne pas avoir à attendre une cotation en bourse ou le rachat de la société qu’ils détiennent. Nous sommes confiants quant à la future cotation de la société car son fondateur Greg Brogger a été président du NASDAQ Private Market et n’en est pas à son coup d’essai. Il a, en d’autres temps, co-fondé TrueCar, cotée au Nasdaq depuis 2014. En l’occurrence, nous avons choisi d’entrer au capital de la société par le biais d’une obligation convertible préalable à la levée de série D.

«Nous disposons d’un excellent réseau qui nous permet de participer
à des opportunités d’investissement très intéressantes.»
Quand pensez-vous réaliser l’opération?

Notre thèse d’investissement envisage une solution de sortie (exit) d’ici deux à quatre ans. 

Apportez-vous vos propres capitaux?

Nous amorçons l’investissement de départ avec nos propres fonds et l’ouvrons ensuite à d’autres investisseurs par le biais d’un véhicule de placement enregistré au Luxembourg et la cible de la levée du fond sera de quelque 60 millions. Le montant est modeste mais la performance devrait se situer très au-dessus de la norme. 

Avez-vous d’autres projets d’investissements?

Oui, nous avons plusieurs investissements potentiels, un en Asie du Sud-est ainsi que quelques-uns en Suisse. Nous disposons d’un excellent réseau qui nous permet de participer à des opportunités d’investissement très intéressantes, auxquelles d’autres investisseurs n’ont généralement pas accès. Par contre, nous n’avons pas l’intention d’investir dans les cryptos. 

Quelle est la taille de votre équipe?

Nous sommes huit, dont une moitié constituée d’anciens collègues de MIG Bank, y compris mon frère Hisham, Jiten Varu et Michel Broch. Nous avons une équipe talentueuse, très complémentaire et qui combine une expérience solide et un réseau puissant dans le domaine de la technologie digitale et du private equity.