Forts mouvements dans les portefeuilles

Nicolette de Joncaire

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«Nous avons bénéficié de très bons shorts spécifiques qui ont contribué à 12 points de la performance» explique Eric Bendahan d’ELEVA Capital.

Créé en 2014 par Eric Bendahan et ses associés, ELEVA Capital lançait début 2015 une première stratégie sur les actions européennes avec 25 millions d’euros. Les encours d’ELEVA Capital – qui offre désormais quatre fonds - se montent aujourd’hui à 6 milliards. Une progression graduelle selon Eric Bendahan. L’épithète «fulgurant» convient peut-être mieux à cette société qui doit son nom aux quatre filles de son fondateur et dont 10% des profits vont à l’UNICEF. Entretien. 

Pouvez-vous résumer le parcours d’ELEVA Capita?

ELEVA Capital est née en 2014 à Londres. Le lancement effectif de son premier fonds sur les actions européennes s’est fait avec 25 millions d’euros. En 2017, suite à un référendum dont il est inutile de rappeler le nom, nous avons transféré nos activités de Londres à Paris, conservant toutefois un bureau en Grande-Bretagne pour le back-office et les ventes. Nous gérons aujourd’hui quatre fonds avec un encours total de l’ordre de 6 milliards d’euros. La progression s’est faite graduellement et il me parait que le passage en France pourrait avoir accéléré notre croissance.

«A nos yeux, la Suisse est une géographie
importante commercialement.»
De quoi est composée votre clientèle?

Elle est essentiellement institutionnelle et de distribution, constituée de banques privées, de compagnies d’assurances, de family offices et de gérants indépendants.

ELEVA Capital est installée à Paris et à Londres. Envisagez-vous une antenne en Suisse?

A nos yeux, la Suisse est une géographie importante commercialement. Notre présence sur place est assurée à ce jour par l’équipe de Prosper mais l’ouverture d’un bureau de représentation est possible. A Genève ou à Zurich car notre clientèle est assez également répartie en Suisse.

Vous aviez, il fut un temps, de fortes convictions favorables envers les entreprises familiales. Est-ce toujours le cas?

Certainement, cette conviction est ancrée dans ma façon de travailler. Les entreprises familiales comptent beaucoup dans notre principal fonds d’actions européennes qui représente la moitié des encours placés auprès de notre société. Ce type de sociétés est également bien représenté dans notre portefeuille small & mid caps géré par Diane Bruno et Marie Guigou, très typé croissance.

Votre stratégie long/short sort à peu près indemne de cette période difficile. Comment?

Sa logique de performance absolue réduit le risque en période de turbulence. Nous avons bénéficié de très bons shorts spécifiques qui ont contribué à 12 points de la performance. Sur ce portefeuille – de l’ordre de 1,6 milliard d’euros-, l’exposition nette peut varier entre -10 et +50%. Nous avons en premier lieu été aidés par une forte réduction de l’exposition nette à 8-9% en début de crise alors que nous avions commencé l’année à 34%. Le risque a été réduit au niveau global et également au sein des valeurs en privilégiant, sur la partie longue, les valeurs défensives, et en nous positionnant à découvert sur les cycliques, certaines financières et les entreprises dont le bilan est tendu. Notre indicateur ELEVA Capital Index, meilleure combinaison d’une centaine d’indicateurs, nous a été d’un grand secours. 

«Nous sommes en train de mettre au point
des fonds obligataires axés sur la performance absolue.»
Travaillez-vous à une offre complémentaire?

N’ayant jusqu’à ce jour traité que les actions, nous sommes en train de mettre au point des fonds obligataires axés sur la performance absolue, l’un global et l’autre européen avec une nouvelle équipe. Ces nouveaux produits correspondent à un besoin identifié correspondant au faible niveau des taux. Nous étudions également le potentiel d’un fonds d’impact. 

Selon le Boston Consulting Group, la gestion alternative captera la moitié des revenus de la gestion d’actifs cette année. Qu’en pensez-vous?

La proportion me parait haute mais qui suis-je pour contester? L’intérêt s’accroit sur les fonds d’infrastructure, d’immobilier ou de dette privée. Mais il reste de la place pour les gestions qui offrent une liquidité quotidienne. Tout le monde ne peut pas se permettre d’être bloqué sur 7 ou 8 ans.

La crise va-t-elle mener à une consolidation de la profession de gestionnaires d’actifs comme on l’entend beaucoup?

Je ne suis personnellement pas un adepte de la «taille critique». Beaucoup ne l’ont pas atteinte et s’en portent fort bien. Quant aux fusions, elles ne marchent pas forcément. En ce qui nous concerne, nous voulons rester indépendants et prévoyons de nous développer organiquement, sans acquisition.

Revenons un instant à la Fondation ELEVA qui est née en même temps que la société. Comment est-elle financée et que finance-t-elle?

La Fondation ELEVA reçoit 10% des bénéfices avant bonus de la société. En partenariat avec l’UNICEF, les fonds sont alloués à des projets spécifiques sur lesquels les collaborateurs du groupe votent: malnutrition infantile au Bénin et Libéria, puits au Zimbabwe et à Madagascar, programme de vaccination en République Démocratique du Congo. Cette initiative est très motivante pour nos collaborateurs et a un impact positif important.

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