Formation adéquate?

Nicolette de Joncaire

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Serge Pavoncello de l’ASG: «Les exigences de la loi LSFin sont trop minimalistes en matière de qualification.»

Beaucoup a été dit sur les nouvelles lois touchant la profession de gérant indépendant en Suisse qui, de manière générale, reçoivent un accueil favorable. En matière de formation toutefois, Serge Pavoncello, CEO de Wedge Associates et président du conseil de l’Association Suisse des Gérants de Fortune (ASG), estime que les dispositions ne correspondent pas au standard actuel dans la profession. Quelques réflexions alors que nous entrons dans la dernière ligne droite.

Etes-vous positif sur les lois LSFin et LEFin qui entreront en vigueur en début d’année prochaine?

De manière générale, nous en sommes très satisfaits. C’est le résultat d’un travail auquel nous avons énormément contribué et la reconnaissance d’un secteur clé de la place financière suisse. La LSFin s’est largement inspirée des pratiques existantes et du code de conduite de notre association. Ces lois sont pragmatiques et ne tombent pas dans les travers bureaucratiques que l’on peut observer dans d’autres pays.

Elles auront donc peu d’impact sur les membres de votre association?

Effectivement, leur impact sur les membres de l’ASG ne devrait pas être important. Ce qui signifie peu ou pas de variations notables pour plus de la moitié des gérants indépendants suisses qui sont nos adhérents. Le grand changement sera la mise en place des Organes de Surveillance dont le fonctionnement est défini dans la loi. Les exigences légales sont élevées mais la méthodologie de contrôle va s’améliorer et nous devons travailler à mettre en place un système rationnel.

La certification de l’ASG est une norme privée et n’est donc pas obligatoire
mais elle a le mérite d’être aussi exhaustive que possible.
Vous avez toutefois quelques réserves sur les exigences en formation exprimées dans la loi.

Une gestion de fortune de qualité exige un haut niveau de qualification. Contrairement à d’autres professions – les médecins, les avocats ou les architectes par exemple-, le métier de gérant n’a fait l’objet d’aucune exigence en matière de qualification jusqu’à ce jour. C’est maintenant le cas mais de manière beaucoup trop minimaliste.; il y a des choses importantes à savoir et à maitriser pour être compétent dans ce métier. Cinq ans de pratique? 40 heures de formation? De quoi parle-t-on? Le département d’Etat aurait dû suivre nos recommandations.

Quels sont les exigences de l’ASG en la matière?

L’ASG a produit une tabelle complète de la définition des qualifications nécessaires tant sur les aspects personnels que sur les connaissances de base indispensables, acquises en fonction de la formation universitaire. Nous avons décidé de maintenir notre propre système de certification qui exige un certain bagage académique et professionnel, tout en restant très ouvert aux normes internationales. La certification de l’ASG est une norme privée et n’est donc pas obligatoire mais elle a le mérite d’être aussi exhaustive que possible. Malheureusement, la norme minimale inscrite dans la loi ne correspond pas à la pratique. Elle se place en-dessous des standards que le marché suisse offre déjà.

Par quel biais assurez-vous la certification de vos membres?

Notre certification est disponible en ligne par le biais d’une plateforme e-learning développée pour nos membres, qui permet d’attester qu’ils remplissent bien tous les critères indispensables à la bonne pratique de notre profession. Nous avons également un comité scientifique formé de personnalités du monde académique et d’experts du métier. Par ailleurs, nous mettons à disposition un programme de formation continue très riche et régulièrement mis à jour, accompagné de conférences et de cours externes. En collaboration avec des institutions reconnues en Suisse et à l’international. Bien entendu, les universités et hautes écoles en font partie.