De crise à opportunité

Salima Barragan

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Chin Ping Chia d’Invesco estime que la Chine sera probablement le premier pays à se remettre de l'épidémie du coronavirus.

L’expression chinoise «Wei-ji» (transcrit avec les deux caractères 危机 ) se traduit en français par le mot crise. Le premier caractère signifie «danger» et le second «opportunité», ce qui suggère qu’iI y a toujours une opportunité dans chaque crise. Pour Chin Ping Chia, responsable des actions chinoises A chez Invesco, les investisseurs qui sauront rester sereins pourront tirer parti de la crise actuelle. Entretien.

Certains observateurs ont affirmé que l'accélération de la propagation de l'épidémie suggère qu’elle a été initialement sous-estimée par les autorités chinoises. Quel est votre commentaire?

La vitesse à laquelle le CoVID 19 s'est répandu dans le monde en dehors de la Chine indique que ce virus a la capacité de prendre par surprise n'importe quel gouvernement. Les autorités chinoises ont fait face à la situation avec une détermination sans précédent et des mesures rapides. Nous soutenons les efforts coordonnés des gouvernements et des organisations mondiales, y compris l'OMS, pour lutter contre la propagation du coronavirus depuis l’apparition des premières infections en janvier. Bien que le marché continue de réagir aux flux d'informations, les autorités chinoises ont fait des progrès significatifs dans la gestion de l'épidémie.

Les autorités fiscales ont procédé à des exonérations d'impôts
et de charges sociales pour aider les entreprises touchées.
Des signes de fragilité au sein des moteurs de croissance chinois pourraient-ils s'accumuler?

A court terme le virus provoquera un choc négatif sur la croissance du PIB chinois, mais à ce stade, nous ne voyons pas d'impact majeur à long terme sur les moteurs structurels de la croissance tels que l'expansion de la classe moyenne, l'inclusion dans les indices, la libéralisation des marchés financiers et l'expansion des marchés boursiers, qui sont tous intacts.

La correction des actions A indique-t-elle un renversement de tendance durable du marché continentales?

Alors que les actions A avaient subi une forte correction après la réouverture du marché le 3 février, elles ont rapidement regagné le terrain perdu. Au 2 mars, le marché est presque revenu à son point de départ au début de l'année. Les achats importants effectués par le Northbound Stock Connect, qui permet aux investisseurs de négocier des actions A à partir de Hong Kong, témoignent de l'intérêt continu des investisseurs institutionnels étrangers. Nous restons optimistes quant à l'évolution à long terme et aux fondamentaux des actions chinoises.

La PBoC a déjà injecté des liquidités par le biais d'opérations d’Open Market et a assoupli sa politique monétaire. Quelles autres mesures pourraient encore être prises pour soultenir l’économie?

Au-delà de ces actions de la PBoC, les autorités fiscales ont procédé à des exonérations d'impôts et de charges sociales pour aider les entreprises touchées.  Nous n'excluons pas un nouvel assouplissement monétaire afin de réduire les tensions sur le crédit et de faciliter l'emprunt, cependant le yuan chinois devrait rester assez stable.  Certains acteurs du marché spéculent de plus en plus sur le fait que les autorités chinoises pourraient lancer un programme de dépenses d'infrastructure pour soutenir l'économie.   

Il est important de prendre en compte les risques liés aux pays
et aux facteurs pour rester sur la défensive pendant l'épidémie.
Quels secteurs souffrent-ils le plus de l'épidémie et où voyez-vous naître des opportunités?

Le commerce de détail, les loisirs, les transports, la consommation de luxe et les produits de base sont parmi les secteurs les plus touchés.  Nous voyons apparaître des opportunités dans les biens de consommation durables. Ce secteur bénéficiera du cycle d'achèvement des travaux immobiliers une fois que l'épidémie se sera calmée.

Quels biais factoriels sont actuellement recherchés par les investisseurs?

Les investisseurs en actions A continuent de rechercher une exposition à la croissance et à la qualité des bénéfices, comme en témoigne leur performance soutenue lors de l’épidémie. Le facteur valeur a regagné du terrain après le choc initial du 3 février. Les capitalisations moyennes font l'objet d'une grande attention. Les rendements du facteur de volatilité résiduel diminuent régulièrement, ce qui suggère que les investisseurs ne surpaient pas la volatilité.  

En ces temps de crise, quelle allocation d’actifs préconisez-vous?

Alors que les rendements des obligations des marchés développés se détériorent et que les investisseurs deviennent plus prudents sur les actions mondiales, il est important de prendre en compte les risques liés aux pays et aux facteurs pour rester sur la défensive pendant l'épidémie et pour positionner le portefeuille de manière à ce qu'il connaisse une croissance maximale lorsqu'elle s'effondrera. Nous restons optimistes quant aux fondamentaux de la Chine et pensons qu'elle sera probablement le premier pays à se remettre de l'épidémie de COVID-19.