Démocratiser le change et les transferts internationaux

Anne Barrat

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La gestion des risques de change peut et doit être accessible à tous, selon Payment Corner. Entretien avec Thierry Glauser, co-fondateur et COO.

Dans un contexte où les services bancaires traditionnels sont revus et corrigés par des structures innovantes 100% digitales et mobiles, issues du monde des fintechs, le change ne peut échapper à une (r)évolution en profondeur qui s’appliquera aussi bien à la gestion des risques de fluctuation de devises qu’aux virements internationaux. 

Comment définiriez-vous la vision de Payment Corner?

Depuis que nous avons lancé nos activités 100% en ligne à l’automne 2018, nous n’avons eu de cesse de renverser l’image que l’ensemble des acteurs économiques se font du change, trop souvent associée à la complexité, l’opacité et la spéculation. Notre message est clair : tout le monde peut comprendre le change, ce n’est pas un domaine réservé à quelques initiés. Cet objectif est d’autant plus important que le change peut faire une grande, sinon toute la différence pour des PME, des indépendants, et toutes les structures dont tout ou partie de l’activité revêt un caractère international. Si l’on ne prend que l’exemple de Genève, où de nombreuses entreprises travaillent (au moins) en double monnaie, qu’elles soient importatrices ou exportatrices, la gestion des devises est un véritable enjeu opérationnel. Un défi qui concerne toutes les entreprises suisses, compte tenu de leur profil international ainsi qu’à la proximité avec l’Allemagne, la France et l’Italie. 

«Entre l’e-banking et les grosses plateformes de forex,
il y a un grand vide que nous entendons combler.»

Nous cherchons à aider les entrepreneurs qui ont du mal à avoir une vision claire des coûts cachés liés au change et aux transferts dans un environnement où les mécaniques actuelles ne leur donnent aucune visibilité sur ces sujets, au contraire cultivent le manque de transparence. Entre l’e-banking et les grosses plateformes de forex, il y a un grand vide que nous entendons combler en répondant aux besoins des PME suisses, à un prix et une qualité de service que seules des néobanques peuvent offrir.

Comment vous différenciez-vous de l’offre actuelle?

L’expérience unique que nous avons des fintechs d’une part, du marché des changes d’autre part, nous a permis de concevoir des solutions d’optimisation de change de devises et de transferts internationaux révolutionnaires en termes d’efficience – un maximum de performance à moindre coût. Notre approche s’inscrit en effet dans celle des fintechs qui consiste à fragmenter les services bancaires classiques afin de les rendre plus transparents, tout en apportant une meilleure expérience client . Là où Revolut, par exemple, a changé la donne pour les virements à l’étranger de petits montants, de nouveaux entrants sont attendus avec impatience en Suisse pour adresser la question des changes et des transferts, qui reste aujourd’hui le pré carré des acteurs bancaires. Contrairement à ces derniers, nous ne fixons aucun seuil pour entrer en matière avec un client: dès qu’une entreprise doit effectuer un paiement ou être payée pour des services ou marchandises, elle peut utiliser son compte Payment Corner. Elle a ainsi accès 24/7 aux meilleures conditions du marché pour quelque 52 paires de monnaies – les principales devises achetées en matinée seront réceptionnées le jour même par le bénéficiaire. 

«Il n’y a aucune contrainte de volume ni de fréquence.»

Notre plateforme ne met pas en scène une multitude d’indicateurs clignotant à chaque seconde mais une grille extrêmement simple qui guide l’utilisateur dans le choix d’une paire de monnaies qui réponde aux besoins de son activité. Il peut même couvrir son risque de change à terme jusqu’à un an maximum, moyennant un dépôt de garantie de 5% de la somme. Il n’y a aucune contrainte de volume ni de fréquence. Nos marges sont dégressives en fonction des volumes et types d’opérations. Nous sommes en moyenne quatre fois moins chers que les prix du marché.

Quelles sont vos cibles principales?

Sur les quelque 250 clients que nous comptons aujourd’hui, une majorité entretient avec nous une relation de proximité et de confiance. Ce sont essentiellement les grands oubliés des banques: les PME à l’import/export, les indépendants, les petites sociétés de trading dont la partie opérationnelle n’intéresse pas les grands acteurs du trade finance – lesquels se concentrent sur le financement des transactions –, les family offices, les tiers gérants, et tous les acteurs qui génèrent leurs revenus en dollars ou en euro et paient leurs charges en francs suisses. Nous nous adressons à une clientèle d’entreprises, très diversifiée en termes de profil comme de chiffre d’affaires, principalement des PME jusqu’à 50 employés ou 25 millions de chiffre d’affaires. Leur point commun est souvent qu’ils sous-estiment ou n’intègrent pas le risque de change dans leur modèle d’affaires. Dans un cas comme dans l’autre, toute fluctuation importante peut voir leur marge au mieux réduite, au pire annihilée. La plupart de nos clients et prospects n’ont pas ou peu de stratégie en la matière: il s’agit de structures petites à moyennes, où la direction financière ne compte pas de personne dédiée à la gestion de la trésorerie. Elles mettent de côté la problématique des changes par manque de ressources; nous les aidons à la gérer simplement, à moindre coût et de manière transparente. 
60% de notre activité concerne la paire EUR/CHF, 20% USD/CHF, 20% le reste du monde, au premier chef duquel la roupie indienne.