Croissance et rendement

Nicolette de Joncaire

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L’action de la BCGE a doublé en 3 ans et le dividende sera relevé de plus de 17% cette année. Entretien avec Blaise Goetschin.

La Banque Cantonale de Genève (BCGE) continue sa progression avec un chiffre d’affaires qui passe le cap des 400 millions de francs, une amélioration de 26% du résultat opérationnel et de 12% du bénéfice net. La valeur du titre a doublé depuis 2015 franchissant hier le seuil des 200 francs. Le dividende qui sera proposé à l’Assemblée générale sera de 3,40 francs soit une hausse de 17,2%. De quoi satisfaire un actionnariat très genevois qui comprend le Canton de Genève (44% du capital) et la Ville de Genève (21%). En marge de la présentation des résultats, quelques questions au CEO de la banque, Blaise Goetschin.

En hausse de 17,6% sur un an, le résultat net des opérations d’intérêts représente plus de 60% du chiffre d’affaires de la banque. D’où vient cette amélioration?

De manière générale, tous les métiers participent à la progression mais il convient de noter que les 2/3 du chiffre d’affaires proviennent des entreprises et des investisseurs institutionnels. La BCGE s’affirme de plus en plus comme banque d’entreprises et non plus seulement comme banque de détail. Elle sert aujourd’hui 19'800 entreprises dont près de 450 nous ont rejoint en 2018. Nous avons, à ce propos, ouvert une section dont les services sont dédiés aux multinationales. Pour en revenir plus précisément à votre question, le résultat net des opérations d’intérêts a été soutenu par l’augmentation des encours de crédit, par l’activité de private equity, par un niveau de risque quasi nul et par une gestion dynamique de l’actif et du passif1.

«A Genève, nous estimons que notre part de marché
en termes de crédit est de l’ordre de 20 à 22%.»
La compétition bancaire à Genève est plus forte que dans la majorité des autres cantons. Quelle est la part de marché de la BCGE en termes de crédit?

Les créances sur la clientèle sont de 16,6 milliards de francs, supérieures aux créances hypothécaires qui se montent à 11,4 milliards. Nous estimons que notre part de marché est de l’ordre de 20 à 22%. 

Les commissions sont, pour leur part, en hausse de 9,2%. Quelle en est l’origine?

Le financement des opérations commerciales internationales (trade finance) est largement à l’origine de cette amélioration. Les commissions de crédit ont progressé de 15,4% grâce au volume des affaires et au prix des matières premières qui, après avoir beaucoup chuté, montrent de nets signes de redressement. J’y ajouterai que nous avons observé une forte diminution des risques sur ce segment. Notre banque a également initié une activité de financement de l’import-export, en relation directe avec le nouveau département de services aux multinationales évoqué plus haut. Ces financements soutiennent les activités d’exportation des sociétés suisses (ou installées à Genève) en s’appuyant sur l’infrastructure et l’expertise déjà existantes dans la division trade finance. 

«La gestion directe, intégrant des critères ESG,
me parait pouvoir dégager davantage de valeur que la gestion passive.»
Vous annonciez la semaine dernière la reprise de Loyal Finance, une société de gestion de fortune indépendante située à Zurich. Quel est le sens de cet achat?

J’aimerais tout d’abord rappeler que nous attendons l’approbation finale de la Finma pour cette reprise. Ceci dit, il nous parait que pour être significatif, l’asset management ne peut être conçu à l’échelon cantonal. Il doit l’être à l’échelle nationale. La BCGE a déjà des clients en Suisse allemande mais cette étape marque une volonté d’élargissement de notre présence hors du territoire romand et, également, un renforcement de nos expertises car Loyal est un spécialiste reconnu de la gestion obligataire. Notez que, au même titre que d’autres acquisitions comme Dimension ou Synchrony, Loyal Finance conservera son nom car la BCGE mène une politique multi-marques, plus couteuse qu’une intégration complète mais qui évite la confusion des genres et préserve la fidélité des clients. 

Vous êtes personnellement un grand défenseur de la gestion active. Pour quelles raisons?

Effectivement, je l’ai écrit et je l’affirme toujours. La gestion directe «à l’ancienne», intégrant des critères ESG, me parait pouvoir dégager davantage de valeur que la gestion passive. Il faut connaitre le management des entreprises, savoir creuser pour en comprendre les pratiques et l’avenir… et avoir des convictions. De plus, il me parait que la gestion active est mieux armée en temps de volatilité et de turbulences boursières. 

 

1 ALM: Asset and liability management

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