La banque Morgan Stanley rachète le courtier E*Trade

AWP

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Cette acquisition, d'un montant de 13 milliards de dollars, s’inscrit dans les manoeuvres en cours dans le secteur du courtage en ligne en proie à une rude concurrence.

La banque d’affaires américaine Morgan Stanley, un des fleurons de Wall Street, a annoncé jeudi racheter la maison de courtage en ligne E*Trade, une transaction valorisée à 13 milliards de dollars et qui confirme son ouverture aux petits épargnants.

Cette acquisition, la plus grosse jamais réalisée par une grande banque américaine depuis la crise de 2008, s’inscrit dans les manoeuvres en cours dans le secteur du courtage en ligne, en proie à une rude concurrence pour attirer de nouveaux clients.

Elle confirme le virage amorcé par Morgan Stanley, qui a failli disparaître pendant la crise des «subprime» à cause de mauvais paris financiers.

La société, basée à quelques mètres de Times Square à New York, s’est transformée récemment d’une banque tournée vers les activités spéculatives de marché en gestionnaire de fortunes aussi bien pour les puissants que pour les classes moyennes.

Le PDG, James Gorman, aux manettes depuis 2009, au moment où Morgan Stanley faisait face à un exode de clients, a notamment acheté début 2019 la société canadienne Solium Capital, spécialisée dans la gestion des rémunérations de salariés et dirigeants à base d’actions, dans l’espoir de séduire de jeunes millionnaires.

Comme Goldman Sachs

Goldman Sachs, rivale historique de Morgan Stanley, a amorcé un changement quasi similaire en lançant Marcus, une plateforme de banque de détail en ligne s’adressant aux petits épargnants et petites entreprises et offrant, depuis l’an dernier, une carte bancaire en partenariat avec Apple.

Autre fleuron de Wall Street où ont travaillé des personnalités ayant occupé ou occupant de hautes fonctions dans des pays et institutions à travers le monde, Goldman Sachs a présenté Marcus, fin janvier, comme son futur relais de croissance. Il a promis d’y attirer pour 125 milliards de dépôts bancaires lors des cinq prochaines années et d’octroyer des prêts d’un montant total de 20 milliards sur la même période.

En mettant la main sur E*Trade, Morgan Stanley veut aller plus loin et gérer l’argent, l’épargne et les actifs des petits investisseurs.

E*Trade propose en effet des services financiers aux petits épargnants et revendique 5 millions de clients pour des actifs sous gestion évalués à 360 milliards de dollars.

La société, fondée en 1982 à Palo Alto en Californie, propose aussi des services de banque en ligne, dont des dépôts, que pourrait utiliser Morgan Stanley pour octroyer des prêts aux particuliers, aux PME et TPE.

E*Trade fait partie de ces petites maisons de courtage qui ont révolutionné dans les années 80 la manière dont les petits investisseurs pouvaient placer leur argent à Wall Street, en concurrençant directement les grandes maisons de courtage qui y faisaient la pluie et le beau temps et prenaient souvent de juteuses commissions.

Son rachat par Morgan Stanley intervient dans un contexte compliqué pour le secteur, qui se livre à une rude bataille pour appâter les petits investisseurs, de plus en plus friands de produits financiers peu chers et faciles à utiliser.

Ces entreprises font face à la montée en puissance de start-up comme Robinhood, qui proposent déjà depuis quelques années de boursicoter à Wall Street sans frais.

En novembre, Charles Schwab et TD Ameritrade, deux rivaux de E*Trade, ont fusionné pour créer un mastodonte du secteur afin de rester un acteur de premier plan dans le nouveau paysage du courtage.

Un mois plus tôt, les trois sociétés avaient déjà marqué les esprits en annonçant que les commissions qu’elles percevaient sur chaque opération d’achat et de vente d’actions, de fonds négociés en Bourse (ETF) ou d’options effectuée en ligne aux Etats-Unis et au Canada allaient tout simplement disparaître.

Le secteur pâtit également du maintien de taux d’intérêt bas aux Etats-Unis dans la mesure où il tire une partie de ses profits des intérêts gagnés grâce au placement de l’argent laissé sur le compte des clients sans être investi.

Le rachat de E*Trade par Morgan Stanley, qui sera financé par échanges d’actions et accorde une prime de 30% aux actionnaires de la fiancée comparé au cours de clôture de l’action mercredi soir à Wall Street, devrait être scruté de près par les régulateurs, déterminés à éviter les erreurs ayant conduit à la crise de 2008.

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