Italie: Intesa Sanpaolo lance une offre d’échange sur UBI Banca

AWP

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En cas de succès, le groupe résultant de la fusion des deux banques serait assis sur un trésor de quelque 1100 milliards d’euros en actifs clients.

La première banque italienne Intesa Sanpaolo a annoncé dans la nuit de lundi à mardi qu’elle souhaitait avaler la troisième banque du pays UBI Banca, une opération surprise mais amicale qui devrait renforcer son poids en Europe et permettre une consolidation d’un secteur italien encore très morcelé.

En cas de succès de l’offre publique d’échange lancée par Intesa Sanpaolo, le géant européen résultant de la fusion des deux banques serait assis sur un trésor de quelque 1.100 milliards d’euros en actifs clients. Selon le journal Sole 24 Ore, UBI Banca est la troisième banque italienne par sa capitalisation derrière Intesa et Unicredit.

Les deux titres bancaires étaient en forte hausse mardi à l’ouverture de la Bourse de Milan, après l’annonce intervenue en pleine nuit. Vers 10h30 (9H30 GMT), UBI Banca était en hausse de 25% à 4,34 euros, soit au-dessus de sa valorisation prévue dans l’offre d’Intesa Sanpaolo (pour sa part en progression de 2,28%).

Cette annonce très inattendue trouve sa logique stratégique dans la consolidation du marché intérieur italien, ont réagi de nombreux analystes, qui calculent que la nouvelle entité représenterait une part de 20% dans le secteur.

«L’opération annoncée ouvre un nouveau chapitre de l’histoire du groupe: nous voulons unir deux excellences de notre système bancaire», a expliqué mardi matin le patron d’Intesa Sanpaolo, Carlo Messina, lors d’une conférence téléphonique.

«Notre secteur, au niveau européen, est entré dans une nouvelle phase qui requiert des tailles plus grandes, une plus grande capacité d’investissement», a-t-il souligné, en parlant de la naissance de «l’un des leaders du système bancaire européen».

«Mieux administrée»

«Ubi, parmi les banques de moyenne dimension de notre pays, est certainement la mieux administrée en termes de qualité du bilan», a vanté le dirigeant.

UBI Banca, elle-même née en 2007 de la fusion de deux banques (Bpu et Banca Lombardia e Piemontese), est essentiellement présente dans les régions italiennes avec quelque 1.600 filiales et 20.000 employés.

L’offre publique d’échange d’Intesa Sanpaolo vise la totalité des actions d’UBI Banca, ce qui représente un montant de 4,86 milliards d’euros, selon le communiqué d’annonce d’Intesa Sanpaolo.

Intesa Sanpaolo offre 17 de ses actions pour 10 actions UBI Banca, ce qui valorisera l’action UBI à 4,24 euros, soit une prime de 27,6% par rapport au cours de Bourse du 14 février dernier à la clôture.

Pour réaliser cette opération, qu’elle espère boucler d’ici fin 2020, Intesa Sanpaolo émettra de nouvelles actions via une augmentation de capital au printemps prochain.

Si l’opération réussit, Intesa Sanpaolo a indiqué qu’elle comptait négocier un plan de départs volontaires concernant 5000 salariés.

Ce chiffre comprend des plans de départs déjà conclus entre la direction et les syndicats des deux banques, qui concernent 1.000 salariés chez Intesa Sanpaolo et 300 chez UBI Banca. Après quoi, le groupe engagera 2.500 jeunes employés pour remplacer les partants.

Intesa Sanpaolo espère ainsi aboutir à des synergies d’environ 340 millions d’euros par an en frais de personnel.

L’opération devra être approuvée par la Banque centrale européenne (BCE) et par les autorités de la concurrence. En vue d’accélérer le processus, Intesa Sanpaolo a conclu un accord avec la banque BPER Banca pour céder à cette dernière entre 400 et 500 succursales du groupe résultant de la fusion.

La banque italienne Intesa Sanpaolo a enregistré l’an passé une hausse de 3,3% de son bénéfice net, à 4,18 milliards d’euros, son meilleur résultat depuis sa naissance en 2007, grâce à la fusion de la Banca Intesa et Sanpaolo IMI.

Elle s’était classée en 2018 parmi les meilleures banques européennes lors des tests de résistance réalisés par l’Autorité bancaire européenne (ABE), qui visaient à vérifier leur capacité à surmonter une crise.

Le secteur bancaire italien avait plongé dans la tourmente en 2016-2017 en raison de problèmes de capitalisation, de sa fragmentation en une myriade d’établissements et de son stock élevé de créances douteuses, des crédits risquant de ne jamais être remboursés. Il a engagé depuis un grand travail d’assainissement et de renforcement du capital.

Début décembre, l’agence de notation Moody’s avait rehaussé sa perspective pour le secteur bancaire italien (de négative à stable), prenant acte d’une réduction des créances douteuses, d’une amélioration de ses conditions de financement et de niveaux robustes de dotations en capital (fonds propres).

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