Credit Suisse double son bénéfice au troisième trimestre

AWP

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«Nous avons poursuivi la croissance de notre activité de gestion de fortune, accroissant nos revenus et faisant affluer des nouveaux capitaux nets record», a commenté Tidjane Thiam.

Credit Suisse a rendu une bonne copie au troisième trimestre. La performance à l’échelle du groupe a cependant été ternie par certaines faiblesses, principalement dans la gestion de fortune en Asie. La vente d’Investlab a permis de doubler le bénéfice net.

Entre juillet et septembre, le produit d’exploitation s’est étoffé de 9% sur un an à 5,33 milliards de francs, indique mercredi Credit Suisse. Le géant bancaire a allégé ses charges de 1% à 4,11 milliards. Il a mené un vaste plan de restructuration entre 2015 et 2018.

Le résultat avant impôts s’est établi à 1,14 milliard, ce qui représente un bond de 70%. Cerise sur le gâteau, le bénéfice net s’est envolé de 108% à 881 millions de francs, grâce à un gain de 327 millions tiré de la vente de la plateforme de fonds Investlab, cédé à l’espagnol Allfunds.

Tous ces chiffres sont supérieurs aux attentes du consensus AWP, comme bon nombre de résultats dégagés par les divisions. Vaisseau amiral du groupe, la banque universelle suisse est à classer du côté des déceptions trimestrielles.

Des failles sont également apparues dans la gestion de fortune en Asie, un activité stratégique pour Credit Suisse. Les entrées nettes d’argent ont chuté à 2,6 milliards, alors qu’elles avaient atteint 6,4 milliards entre juillet et septembre 2018.

La division consacrée Asie/Pacifique (Apac) a profité d’un gain unique de 98 millions tiré de la vente d’Investlab. Sans cet élément exceptionnel, le bénéfice avant impôts de cette division aurait chuté de 15%.

Il faudra faire preuve de patience avant que Apac fournisse la performance attendue, a prévenu le directeur général Tidjane Thiam. A titre de comparaison, le patron de Credit Suisse a évoqué l’exemple de l’unité de banque d’affaires Global Markets, dont l’évolution suscitait le scepticisme. Après une restructuration de trois ans, cette unité est rétablie. Elle a grandement participé au développement favorable du groupe bancaire au troisième trimestre.

«Environnement difficile»

M. Thiam s’est dit confiant quant aux objectifs stratégiques fixés pour Apac, où l’accent est mis sur l’augmentation des recettes et non la réduction des coûts.

A l’échelle du groupe, les entrées nettes d’argent ont atteint 12,4 milliards de francs, un montant inférieure aux 12,9 milliards au troisième trimestre 2018. Sur trois mois, la masse sous gestion a grappillé 1,5% à 1482,2 milliards.

«Dans un environnement difficile, nous avons poursuivi la croissance de notre activité de gestion de fortune, accroissant nos revenus et faisant affluer des nouveaux capitaux nets record à hauteur de 72 milliards de francs à l’échelle du groupe pour les neuf premiers mois de 2019», affirme Tidjane Thiam, cité dans le communiqué.

Le troisième trimestre s’est mal terminé pour Credit Suisse, qui a dû faire face à l’affaire Iqbal Khan. Le banquier star, débauché par le concurrent UBS, a fait l’objet d’une filature rocambolesque qui a tourné au fiasco pour Credit Suisse. Cette affaire a éclaboussé jusqu’à Tidjane Thiam et au président Urs Rohner.

Pour le dernier partiel 2019, le groupe bancaire s’attend à «l’habituel» ralentissement saisonnier. La direction a par ailleurs confirmé son objectif de rentabilité et vise toujours un rendement des fonds propres tangibles (RoTE) d’au moins 10% en 2019.

A fin septembre, le numéro deux bancaire helvétique a atteint un rendement des fonds propres tangibles (RoTE) de 9%, contre 9,7% au partiel précédent.

Vontobel remarque que le consensus table sur un RoTE inférieur à l’objectif de Credit Suisse. Lors de la prochaine journée des investisseurs, la banque aura l’opportunité d’expliquer comment elle compte atteindre sa cible, lance l’analyste Andreas Venditti.

Les investisseurs ne semblaient pas vraiment apprécier ces nouvelles. Le titre Credit Suisse a terminé la séance en forte baisse de 2,6% à 12,38 francs, dans un indice SMI quasiment stable (-0,03%).

La banque a crû dans quasiment toutes ses lignes de métier, mais les analystes ont attiré l’attention sur le fait que l’origine de la performance - la banque d’affaires - est une activité qui n’est plus une priorité stratégique.

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